Origine : Etats-Unis
Enceinte colonne 3 voies / 3 haut-parleurs
Charge : bass-reflex
Sensibilité : 94 dB
Impédance : 6 Ohms
Réponse en fréquences : 38 Hz à 40 kHz
Fréquence de coupure : 800 Hz & 12000 Hz
Puissance admissible : 300 Watts
Dimensions : ( H x L x P ) : 106,8 x 50 x 37,1 cm
Poids unitaire : 63,2 Kg
Depuis sa naissance, en 1946, JBL a été un acteur majeur dans le monde des haut-parleurs, apportant des contributions notables aux studios de mixage, aux cinémas, aux salles de concert et festivals de musique. JBL s’est également fait une solide réputation dans les équipements hi-fi domestiques, en particulier aux États-Unis. Tout audiophile averti connaît la réputation de JBL.
A titre personnel, je dois avouer que je n’ai jamais été un aficionados des enceintes acoustiques de la marque. C’est aussi pour cette même raison que peu de bancs d’essais de ma part ont été réalisés dans ces pages (à tort ou à raison ?). L’unique expérience remonte à 2003 avec l’analyse de la K2 S9800 dont vous pourrez éventuellement prendre connaissance ICI.
L’idée de me replonger dans l’univers JBL n’était pas pour me déplaire, avec cependant une certaine appréhension. C’est donc une toute nouvelle mouture qui fait l’objet de ce banc d’essai : S4700.
La S4700 est une enceinte acoustique volumineuse destinée à des pièces d’écoutes de grandes dimension. Elle se doit aussi d’être reliée à des systèmes audio de gamme équivalente à la sienne.
Sur le plan conceptuel, JBL s’est inspiré d’une technologie similaire, de qualité professionnelle, à celle utilisée dans la célèbre enceinte Project K2 S9900.
La S4700 est une enceinte 3 voies / 3 haut-parleurs à charge bass-reflex – avec un port accordé orienté vers l’arrière. Elle embarque un tout nouveau haut-parleur de graves de 38 centimètres à cadre moulé (2216Nd) muni d’une puissante bobine double de 7,5 centimètres et d’un aimant en néodyme pour un équilibre exceptionnel avec les drivers de compression à pavillon. Sa membrane est constituée de pulpe de cellulose à suspension petit plis. Pour l’anecdote, ce haut-parleur est identique à celui de la M2 de studio.
Les autres fréquences sont confiées à un haut-parleur de compression haute fréquence de 45 millimètres associé à un plus petit haut-parleur de compression ultra-haute fréquence de 19 millimètres inséré dans un agencement de type pavillon.
Les deux haut-parleurs de compression à haute fréquence utilisent des diaphragmes en titane, le plus grand étant également revêtu d’Aqua-Plas pour améliorer l’amortissement. Ceux-ci sont situés dans un seul ensemble à double pavillon avec des formes de corne personnalisées pour chacun des tweeters. Le haut-parleur médium fonctionne entre 800 Hz et 12 kHz, après quoi le tweeter prend le relais.
Le filtre doté de composants de haute qualité relié à une double paire de borniers au-dessous de tout soupçon autorise le bi-câblage éventuel et tout type de connexion (câble nu de forte section, fourches, fiches bananes).
L’ensemble est monté au sein d’une ébénisterie renforcée à l’intérieur aux points critiques, plaquée en bois de cerisier dont la finition est tout simplement exceptionnelle.
Je remercie Audio-Fréquences – HIFI-Nancy d’avoir permis la réalisation de ce banc d’essai et de vous le faire partager de manière totalement indépendante.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués en auditorium avec les éléments suivants :
– Lecteur CD/SACD – Dac – Lecteur réseau MARK LEVISON N° 5101 (testé ICI)
– Amplificateur intégré MARK LEVINSON N° 5808 (testé ICI)
– Câbles de modulation symétriques NORDOST Red Dawn (testés ICI)
– Câbles HP NORDOST Leif Red Dawn.
Pour l’alimentation secteur : barrette NORDOST QB 8 Mk2, câbles secteur Lief Red Dawn de la même marque, également testés ICI.
• Extraits dématérialisés Tidal : La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Golden Brown ~ The Stranglers – Balalaïkas Favorites ~ Osipov State Russian Folk Orchestra – Les Marquises ~ Jacques Brel – Meedle & the Wall ~ Pink Floyd – We Get Requests ~ Oscar Peterson – The Thomas Crown Affair ~ bande originale du film – Jardin d’hiver ~ Henri Salvador – The Last of the Mohicans ~ bande originale du film – Meedle ~ Pink Floyd – « La tradition symphonique » ~ Tri Yann & l’Orchestre National des Pays de Loire Volume 2 – Symphonie N° 9 « du Nouveau Monde » – Anton Dvorak ~ Oslo Philharmonic Orchestra – Direction : Mariss Jansons – Klezmer & Gypsy Music ~ Sirba Orchestra – If I Should Fall from Grace with God ~ The Pogues – Cécile ma fille ~ Claude Nougaro, etc…
Mark Levinson N° 5101 & N° 5805 – JBL S4700 : le système par excellence
Philosophie musicale & esthétique sonore
Forte de sa sensibilité élevée (94 dB), ce « monument » de l’acoustique est en définitive facile à alimenter. Nous pourrons indifféremment la confier aux bons soins d’un amplificateur à transistors de forte puissance et d’un amplificateur à tubes de puissance plus modeste, de préférence bien alimenté.
Avant de procéder aux premières écoutes, j’avais une certaine appréhension avec une idée, peut-être saugrenue, d’être confronté à une sorte de « gros son à l’Américaine ». Je tiens à rassurer tous ceux qui auraient cette même pensée : il n’en est rien du tout. J’aurais même tendance à dire que la S4700 « fait dans la dentelle » si je puis m’exprimer ainsi.
Registres aigu & médium – transparence
• La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua
J’ai été absolument ravi de retrouver l’intégralité du contenu émanant des différents instruments baroques et plus classiques qui agrémentent la Folia de la Spagna de Gregorio Paniagua. Cette enceinte cisèle chacun d’eux avec un perfectionnisme et une tenue générale absolument de premier ordre.
Il émane de cette écoute une sensation de bien-être qui s’explique par plusieurs critères. Cette enceinte se distingue par une linéarité sur toute la bande passante audible. Les fréquences les plus élevées sont reproduites avec un filé qui atteint facilement des valeurs élevées. Toutefois, la S4700 se distingue par une infinie douceur, qui, alliée à une transparence cristalline, nous fait bénéficier du « parfum » si subtil de certains instruments, tout comme la formulation légère d’autres instruments telle que celle du clavecin ou de quelques percussions amenées à égayer la partition.
Par ailleurs, cette enceinte acoustique montre clairement le chemin de la neutralité. Elle se laisse guider et s’adapte au contenu de l’enregistrement. Les registre médium et aigu sont d’une excellente cohérence. Cela contribue à diffuser une musique totalement naturelle et d’une pureté remarquable. En outre, le degré de résolution, pour le moins élevé, se traduit par un superbe grain que l’on remarque instantanément sur les instruments à cordes frottées.
Le clavecin pétille par sa verve et sa luminosité. Telle une pierre précieuse, chaque teinte sonore semble briller avec un éclat immaculé. Ne nous y trompons pas, même si ce millésime a une forte personnalité, aucun registre n’est spécifiquement mis en avant. Cela m’amène à dire que cette enceinte se veut neutre, équilibrée. Elle est dotée d’un comportement « droit » sur toute la bande de fréquences audible, doublée d’une cohérence de bon ton.
Registre grave
• We Get Requests ~ Oscar Peterson Trio
Après les essais d’usage avec l’incontournable Meedle de Pink Floyd , mon attention s’est portée sur l’écoute de We Get Requests interprété par Oscar Peterson Trio. Dans les grandes lignes, j’ai senti que cette enceinte n’accusait aucune limite pour aller explorer sereinement le bas du spectre. On aurait pu gagner une ou deux octave avec un câble HP différent du NORDOST Leif Red Dawn et qui laisse davantage les fréquences s’aventurer dans les soubassements les plus profonds.
Si la guitare basse de Rogers Waters se montre sous son meilleur jour, la contrebasse qui « sévit » sur l’album We Get Requests doit être considérée comme une référence. La JBL S4700 se montre édifiante en termes d’analyse. Sa reproduction totalement dégraissée, laisse une large place à l’habile jeu du contrebassiste. Chaque note est travaillée avec une minutie telle que l’on se plait à en suivre la moindre inflexion, la moindre variation. On décèle aisément la manière dont le musicien plaque ses accords et pince chaque corde de son instrument avec une délicatesse remarquée.
Plus encore, chaque note est soupesée avec une méticulosité qui n’appartient qu’aux enceintes de haut de gamme. Nous assistons avec bonheur à une expression souple et cadencée. Par ailleurs, le degré de fermeté ne sombre pas dans l’excès. Il se caractérise par une sonorité de l’instrument qui plaide largement en faveur d’une approche réaliste.
Je n’ai pas observé non plus de traces de surépaisseur outrancière, au contraire cette JBL met essentiellement l’accent sur la matière et la densité doublées d’une énergie faisant abstraction de toute forme de concession ou de flou, sans parler du délié permettant aux sonorités d’opérer librement dans l’espace.
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• Meedle ~ Pink Floyd
Ceux qui recherchent des grandes sensations en matière de dynamique seront comblés, même si la JBL S4700 n’est, selon mon point de vue, pas l’enceinte la plus rapide de sa catégorie.
En tout cas, ses capacités de réactions sont au-dessus de tout soupçon si l’on se met à contribution One of these Days – titre phare de l’album Meedle de Pink Floyd.
Ce « grand cru » JBL assure en matière de dynamique et de réactivité. Les coups de batterie sont d’une franchise démontrant cette faculté à pouvoir s’adapter à des styles de musiques à fort pouvoir d’expression. Les coups de cymbales ainsi que les riffs de guitare électrique sont francs, nets, précis.
Aucune forme de bavure ou d’approximation n’est à redouter de la guitare basse de Roger Waters. Le rythme est largement soutenu, tout comme le suivi des notes inattaquable. Les accélérations, les montées en puissance affichent une vigueur impressionnante. Les variations d’intensité sont traitées avec une habilité et un perfectionnisme absolument rigoureux et un sens de la nuance clairement affiché. De surcroît, les passages complexes et même parfois « chaotiques » n’accusent aucune forme d’accroc. Vous pourrez ainsi faire confiance à la « belle » sur la notion de fluidité.
Espace et scène sonores
• Balalaïkas Favorites ~ Osipov State Russian Folk Orchestra
Sans surprise, la technologie à pavillon et les haut-parleurs choisis nous montrent le chemin d’une scène sonore de grande ampleur et d’une présentation particulièrement holographique dans les trois dimensions.
Il n’échappera à personne que cette enceinte sera plus à son aise dans une pièce d’écoute de vaste dimension. Par rapport à d’autres enceintes acoustiques, son positionnement ne requiert pas d’être réglé au millimètre près. Légèrement pincée vers l’auditeur, ce dernier pourra bénéficier de l’intégralité d’un contenu musical panoramique tel que celui auquel nous assistons sur Balalaïkas Favorites interprété par Osipov State Russian Folk Orchestra – album tiré du catalogue Mercury Living Presence.
Au fil des heures d’écoutes, il se dessine devant l’auditeur un paysage musical où chaque intervenant ou groupe d’intervenants prend une place bien définie. Le déroulement des phrases musicales se traduit par une reproduction aérée, ample de laquelle nous n’avons aura aucune mal à cerner chaque instrument soliste ou groupe d’instruments. La S4700 a ainsi un sens prononcé de l’ouverture.
De cette séance d’écoute, on retiendra un étagement exemplaire de chaque plan et une reproduction contrastée. La profondeur scénique va en ce sens. Les balalaïkas, le triangle, la flute traversière ou le hautbois prennent une place privilégiée au sein de l’espace sonore avec un « coefficient de dispersion » absolument bluffant.
Enfin, cette mouture JBL va tellement loin en matière de spatialisation qu’elle n’a aucune peine à diffuser les réverbérations du lieu de la prise de son et la manière dont celle-ci a été effectuée.
Séquence émotion – sens de l’expression
• Chambre avec vue ~ Henri Salvador
Cette « petite page de variété » signée Henri Salvador nous en dit beaucoup plus que ce qu’évoque le titre et la pochette de cet album Chambre avec vue. En effet, il m’a semblé qu’avec cette paire de JBL, l’expression générale prenait une tournure différente.
Certes, la prestation vocale ne manque pas d’éloquence. Cependant, dans la pièce d’écoute il règne une atmosphère bien particulière : celle d’une communication sans barrière artificielle entre l’interprète et l’auditeur. La voix particulière, suave, sensuelle apparaît avec quelque chose d’attachant, enivrant même. Chaque phrase se traduit par une expression naturelle, réaliste, mise en valeur par une orchestration bien « pensée » où chaque instrument a, lui aussi une histoire à raconter. Cette perception est assez intéressante : elle démontre en tout cas que la S4700 fait un focus sur tout le contenu du message sonore avec un superbe discernement.
J’ai senti à travers cet album que la formulation d’ensemble mettait bien l’accent sur une texture physiologique, toutefois totalement dépourvue d’éléments artificiels. Le temps d’un album, il fait bon vivre en compagnie de cette enceinte acoustique qui s’efforce de respecter le travail du chanteur, compositeur, interprète en proposant une musicalité on ne peut plus harmonieuse et pétillante de bonne humeur.
• Symphonie N° 9 « du Nouveau Monde » – Anton Dvorak ~ Oslo Philharmonic Orchestra – Direction : Mariss Jansons
Besoin d’évasion ? pour sûr, la JBL S4700 vous aidera à voyager, à rêver, sur tous les style de musiques que vous pouvez affectionner. Vous entrerez dans un Nouveau Monde, celui de la Symphonie N° 9 d’Anton Dvorak. Une chose est certaine : ce modèle ne se contente pas de délivrer des sons. Elle fait bien plus que cela, elle vous plonge totalement au cœur de la musique. Elle vous sensibilise à toute forme d’art musical, sous réserve que celui-ci soit expressif, émotionnel, et que la prise de son soit bien réalisée.
Douée pour passer au peigne fin tout le contenu d’un enregistrement de référence, cette « imposante colonne » s’y entend pour diffuser une reproduction musicale la plus pure possible, naturelle, aux dimensions grandeur nature, une reproduction qui vous procure l’ultime frisson de plaisir. En clair, je dirais que cette enceinte se veut simplement immersive !
Conclusion :
En marge de son apparence imposante, la JBL S4700 est une enceinte acoustique techniquement aboutie et musicalement dénuée de tout défaut apparent. Cette mouture ne joue pas le rôle de séductrice. Elle se concentre sur l’ensemble des composantes qui font la richesse d’une interprétation qualitative dans tous les sens du terme. Son principal crédo est avant tout une reproduction la plus réaliste possible. En sa compagnie, les audiophiles et les mélomanes auront la sensation de vivre la musique, de vivre avec ses interprètes.
Prix finition cherry : 19000 € (10/2022)
Prix finition laque noire : 20000 €