CYRUS 8A Origine : Grande Bretagne
ECOUTE Les tests d’écoutes ont été effectués en auditoriums en Angleterre, dans diverses associations, dont le lecteur CD 8 SE, lecteur CD NAIM CD 5, enceintes acoustiques B & W série 680, série CM, et KEF série Q et R. Câbles HP NAIM Naca 5. CD utilisés : Divers Requiems de Mozart, dont celui dirigé par Karajan – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Seal Soul – Tri Yann – Ramadou / Générations. 1° Approche objective
Une chose est certaine, la texture des timbres va beaucoup dépendre de la source et des enceintes utilisées. Je suis prêt à parier que les câbles joueront aussi un rôle important; je ne l’ai pas vérifié et me suis contenté dans ce test des câbles de modulation et HP mis à disposition. Néanmoins, l’empreinte musicale CYRUS est immédiatement perceptible, et on reconnaît les yeux fermés la signature sonore affirmée propre aux produits CYRUS. Son aspect typique se traduit par une matérialisation des instruments de musique qui offre une consistance caractéristique. Le registre aigu file relativement haut, sans laisser paraître de traces d’agressivité ou une insistance trop prononcée. On est plutôt sur des teintes sonores à tendances douces, lissées, qui ont été appréciées au niveau des sections de cordes et de cuivres. J’aurais souhaité une restitution davantage » fouillée « , mais il serait inopportun de critiquer le haut du spectre qui dévoile pas mal de petites choses. Le registre aigu s’articule subtilement autours du registre médium qu’il complète avec des enchaînements cohérents pour former un ensemble qui a tout l’air de tenir la route. En y prêtant une oreille attentive et détachée, on relève tout de même un léger voile sur des micro détails, voir une très légère simplification en matière d’harmoniques par exemple. A contrario, il n’est pas rare de constater par instant certaines fréquences haut médium / aigu, notamment sur les vocaux où les « S » se mettent subitement à siffler légèrement, qui me fait dire que le CYRUS 8A n’est pas aussi neutre que j’aurais pu le penser. Le détourage des instruments offre une restitution globalement « propre », à défaut d’être pure, et qui met en évidence le fruité des instruments et des vocaux. On a tout de même un peu de mal à cerner avec exactitude la texture » boisée » des instruments à cordes, ou la texture cuivrée de certains instruments à vent. Il me semble que le CYRUS 8A fait un peu le tri en matière de couleurs des timbres. Cela ne signifie pas que l’écoute est ennuyeuse ou approximative, mais cet amplificateur aurait tout à gagner à aller plus loin sur le plan de la transparence générale, laquelle accuse – toutes proportions gardées – quelques petits manquements. Le bas médium / grave requiert quelques explications : on retrouve ici carrément l’empreinte musicale des produits anglais des années 80 / 90, avec un bas médium trop épais pour être honnête, et qui confère à cet amplificateur intégré des traces de caricatures flagrantes. Je peux comprendre aisément que celles-ci puissent plaire à beaucoup d’audiophiles ou mélomanes, mais ne seront pas du goût des puristes ou de ceux qui recherchent musicalité » immaculée « . Le registre grave ne souffre pas spécialement de ces traces de caricatures. A défaut de descendre très bas, il atteint des »valeurs musicales » qui valent la peine d’être citées. Le jeu de contrebasse est bien lisible, et il se dégage une certaine fermeté à prendre en considération. Les percussions et le jeu de batterie (grosse caisse) reflètent un aspect plein et massif et une bonne assise dont on ne plaindra pas, malgré une présence accentuée.
Sans trop me tromper, il me semble pouvoir valider les capacités cet intégré à réagir vite et bien. Le 8A est suffisamment bien armé pour ne rien laisser au hasard en ce qui concerne la rapidité d’exécution, et cela constitue l’un de ses points fort. De fait, la dynamique et la générosité sont toujours au rendez-vous. Cet amplificateur s’exprime à haute et intelligible voix; il encaisse les grands écarts de dynamique avec stoïcité si je puis dire. En tout cas, il répond facilement aux sollicitations lorsque la musique l’exige. Je n’ai pas observé de dérapages flagrants ou des pertes d’informations susceptibles de ternir l’écoute. Au fil des écoutes, on appréciera sans contestation la formulation très « punchy » de la restitution musicale, au risque parfois d’en faire un peu trop à mon goût personnel. Néanmoins l’aspect réactif ne se dément pas : il en résulte des impacts très bien définis, avec une absence de traînage, notamment sur les percussions ou les notes de piano. Les percussions sont restituées avec une texture » pleine ». On retrouve cette aisance sur les notes de contrebasse ou basse électrique dont la lisibilité est pleinement assurée. La scène sonore, quant à elle, trouve sa place dans un auditorium de moyenne à grande dimension. L’aspect un peu extraverti ou trop énergique, paradoxalement, ne plaide pas forcément en faveur d’une extension infinie de la scène sonore. A ce titre, il faudra bien veiller à orienter certaines enceintes acoustiques vers un lieu d’écoute très précis. Dans le cas contraire, il pourrait échapper à l’auditeur quelques informations situées au centre de la scène sonore. Du côté de l’étagement des plans, il ne fait pas de doutes que le bas médium, quelque peu renforcé ou surligné, a pour conséquence de se détacher des autres registres (médium, aigu) en donnant une bonne illusion du relief entre les plans rapprochés et ceux de seconde zone (plus éloignés) – l’effet est assez convainquant. Si l’on prête un peu d’attention à la spatialisation, on pourra constater que le côté aéré ou aérien de certaines électroniques de gamme semblable n’est pas tout à fait au rendez vous. Pour ma part, j’aurais réellement souhaité que la musique respira un peu mieux, et qu’il y ait davantage d’air entre les musiciens, ou encore que l’expression générale soit plus libre. Sur ce point, il ne fait pas de doute que l’alimentation PSX-R saura remédier à ce petit manquement. Par ailleurs, cet amplificateur joue la carte d’une fluidité tout à fait convenable qu’il convient de placer à son actif. Cette fluidité va dans le sens d’une écoute facile et dans son ensemble fort très agréable. Les notes s’enchaînent avec un bel entrain et une habilité que je trouve pertinentes. Il n’y a pas de perturbations ou d’accrocs significatifs à relever, ni forme de crispations à relever. La musique « coule » sans contraintes apparentes, et ceci quelques soient les enceintes acoustiques associées. La rapidité d’exécution converge assez bien avec la très bonne fluidité pour former un ensemble cohérent et vigoureux. 2° Approche et appréciation subjectives
L’amplificateur CYRUS 8A a beaucoup de qualités, dont celle de séduire les auditeurs grâce à une couleur de timbres bien marquée dans certaines fréquences. Le fameux « son » Anglais serait-il toujours d’actualité ? Je crois bien que la réponse est oui. La formulation très enjouée prend un peu le pas sur la texture naturelle dont peuvent s’enorgueillir quelques concurrents au tempérament musical pourtant bien trempé. L’écoute de différents Requiem m’a laissé quelque peu perplexe, notamment par ce trop plein d’énergie qui vient à mon goût un peu trop flatter l’oreille de l’auditeur. Je crois que CYRUS joue ici davantage la carte de la séduction, et j’ai fort l’impression que celle-ci prend le pas sur des teintes purement réalistes. Oh, il n’y a pas à s’y tromper les chœurs du Requiem de Mozart m’ont tout l’air de faire figure d’authenticité grâce à une diction à la dimension humaine, mais la texture un peu trop riche pêche notamment sur des »S » qui ont parfois tendance à siffler avec une très légère insistance qui pourrait alors desservir les autres qualités de cet amplificateur. En revanche, le CYRUS en connaît un rayon lorsqu’il s’agit de faire vibrer les cordes d’un ou plusieurs violons, de faire chanter un hautbois, ou de faire « claquer » la caisse claire d’une batterie. On sent bien que les concepteurs ont mis pas mal de choses en œuvre pour donner des couleurs musicales à leur amplificateur, et tout simplement à la musique. A tout dire, pendant la longue séquence d’écoute, je n’ai pas toujours ressenti de moments intenses de joie et de partage avec les orchestrations, les interprètes, … Je ne serais pas objectif de relater qu’il s’est installé une « distance » entre les musiciens et moi-même. En revanche, la façon qu’a le 8A d’en faire parfois un peu trop m’a quelque peu troublé et peut-être même dérangé. J’ai eu parfois le sentiment d’être passé à côté de l’essentiel, sans être totalement immergé au cœur de la musique. Conclusion :Fort de ses 30 années d’expériences en matière d’amplification, CYRUS s’impose comme une référence dans une gamme de produits attractive et musicale. Le CYRUS 8A est l’aboutissement d’une expérience éprouvée en matière d’amplification intégrée. Musicalement grand séducteur, le 8A a beaucoup d’atouts pour plaire à tous ceux qui écoutent un répertoire varié qui va de la musique classique / lyrique à la musique rock, et beaucoup d’entre vous y retrouveront leur compte. Toutefois, si on attend de lui qu’il se prête au jeu de la vérité absolue, il me semble qu’une marge de progression reste encore à faire. Il n’en demeure pas moins, que le CYRUS 8A est intéressant sur d’autres points, dont son évolutivité, et que l’alimentation séparée PSX-R pourrait renforcer ses caractéristiques musicales en le rendant plus naturel.
Prix : 1700 € (08/2013) Test d’écoute réalisé par |