Conception & réalisation : Suisse
Lecteur réseau – Dac
Connexion LAN 100 Mbit/s,
UPnP/DLNA, SHairplay, Roon (en cours de finalisation),
Services de streaming via l’application iOS : Tidal, Qobuz, radio Internet (Tune-In),
PCM 24-bits de 44.1kHz à 384kHz, DSD64,
Niveau des sorties (0 dB FS) : 2.0 V RMS,
Rapport signal sur bruit, pondéré : typ. 124 dB,
Distorsion harmonique (THD+N, 0 dB FS) : typ. 0,001 %
Sorties analogiques sur connecteur RCA.
Pour ceux qui ne connaissent pas (encore) WATTSON Audio est né de la passion et de l’expérience acquise durant près de vingt ans par la société Engineered SA dans le domaine de la reproduction musicale.
Basée à Yverdon-les-Bains, au cœur de la Suisse Romande, la société s’attache à imaginer et concevoir des produits dans le respect des standards de qualité helvétiques.
Fruits d’une recherche approfondie, la société a développé une gamme “en deux tonalités” :
• Emerson Digital : Streamer Audio haut de gamme sans DAC qui se connecte sur votre DAC grâce à un câble digital Coaxial ou AES/EBU,
• Emerson Analog : Streamer Audio haut de gamme avec DAC intégré qui se branche directement sur l’amplificateur de votre système audio ou sur vos enceintes actives. C’est ce modèle qui fait l’objet du présent banc d’essai.
Emerson Analog est un lecteur réseau muni d’un Dac qui traite les signaux PCM 24-bits de 44.1 kHz à 384 kHz, DSD64, avec une connexion LAN 100 Mbit/s. Le choix s’est porté sur le DAC WM8742 de Cirrus Logic. Ce circuit intégré n’est pas nouveau, mais il est capable d’une impressionnante qualité de restitution lorsqu’il est mis en action de manière optimale. Son alimentation, la topologie des étages de sortie et les circuits de filtrage ont nécessité beaucoup d’ajustements, de mesures et d’écoutes, avant de valider la solution finale en accord avec la philosophie du produit.
Il fonctionne avec une application de contrôle pensée et développée par WATTSON Audio et commune à tous les appareils. Elle vous permettra de connecter votre streamer à vos fichiers audio stockés sur vos disques réseaux ou en utilisant Qobuz ou Tidal en qualité haute résolution et d’avoir accès à un vaste choix de radios proposé par Tuneln. Sur ce modèle, les connexions se résument à deux fiches RCA analogiques complétées par une micro diode rouge et une connexion réseau RJ45.
Je remercie WATTSON Audio pour les précisions techniques ainsi que le distributeur Rhapsody Hifi – lequel a d’ailleurs participé à la conception du projet – d’avoir mis à ma disposition ce modèle et son application nécessaires pour une durée de trois semaines nécessaires pour réaliser ce test.
Wattson – Yba – Recital Audio : exemple d’un ensemble cohérent et naturel
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec les éléments suivants :
– préamplificateur YBA Classic 3 Delta & bloc de puissance YBA 3 Delta / double transformateur 400 vA,
– amplificateur intégré – Dac YBA Genesis IA3A,
– enceintes acoustiques RECITAL Audio Define hefa, PEL Kantor,
– amplificateur casque REGA Ear & casque SENNHEISER HD 430,
– câbles de modulation ESPRIT Beta 8G 2019, YBA Glass, VAN DEN HUL the Orchid,
– câbles HP ESPRIT Beta 8G 2019, YBA Diamond.
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615 et ESPRIT Volta, câble secteur G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Celesta & Eterna.
Extraits dématérialisés Qobuz : Golden Brown ~ The Stranglers – Take Five ~ Dave Brubeck Quartet – Balalaïkas Favorites ~ Osipov State Russian Folk Orchestra – Les Marquises ~ Jacques Brel – Dvorak : Slavonic Dances ~ Minneapolis Symphony Orchestra – Direction Antal Dorati & Royal Philharmonic Orchestra – Direction Antal Dorati – Sonate Kk 87 – Domenico Scarlatti ~ clavecin : Trevor Pinnock – Sonate Kk 87 – Domenico Scarlatti ~ piano : Mikhail Pletnev – The Music of Leroy Anderson ~ Frederick Fennell – Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek – Jazz på svenska ~ Jan Johansson – The Last of the Mohicans ~ bande originale du film – The Epics ~ The City Prague Philharmonic Orchestra and Chorus – Quiet Nights ~ Diana Krall – « Prodiges » ~ Camille Berthollet – Meedle ~ Pink Floyd – If I should fall from grace with God ~ The Pogues – Café du bon coin ~ Tri Yann – Collaboration par le Modern Jazz Quartet with Laurindo Elmeida – The Voice of The Trumpet ~ Lucienne Renaudin Vary – Nameless ~ Dominique Fils-Aimé – A Swinging Safari ~ Bert Kaempfert – Cécile ma fille ~ Claude Nougaro – In Ireland ~ James Galway and The Chieftains, etc…
Philosophie musicale & esthétique sonore
• Balalaïkas Favorites ~ Osipov State Russian Folk Orchestra
Cet appareil au concentré de technologie constitue pour moi une véritable découverte assortie de bonnes surprises. J’aurais même tendance à dire qu’il permet de gouter aux joies de la musique dématérialisée dans des conditions optimales. Bien que d’aspect compact, il n’est pas difficile de croire que la mise au point du circuit est le fruit d’une longue et méticuleuse mise au point.
J’ai immédiatement senti que Emerson Analog avait comme principale caractéristique la résolution des informations musicales. Il est certain que cette performance s’appuie sur son circuit nettement plus abouti que les circuits que l’on trouve communément sur les amplificateurs dotés d’une carte réseau intégrée, voir d’une grande partie des lecteurs réseau de début de gamme / milieu de gamme.
Le degré d’analyse et la haute résolution du signal numérique sont instantanément perceptibles. Cela se décèle bien entendu sur d’excellentes et récentes prises de son, mais aussi sur des enregistrements anciens de qualité haute fidélité « retravaillés » en 24 bits – 96 kHz, tels que Balalaïkas Favorites ~ Osipov State Russian Folk Orchestra J’ai eu le sentiment que ce lecteur réseau redonnait une seconde jeunesse à la musique avec une qualité parfois bien supérieure aux versions vinyles d’origine – une sorte de dépoussiérage qui met davantage en lumière les prestations artistiques.
Outre l’excellente résolution décelée, la philosophie musicale de l’Emerson Analog est diamétralement opposée à celle d’une reproduction aseptisée – trop numérique pour être naturelle. La magie de ce lecteur réseau se traduit par une musicalité que je trouve très proche de celui d’un excellent ensemble platine vinyle / préamplificateur phono / cellule phono. Le lien de parenté avec l’analogique me semble fondé et n’est pas pour me déplaire.
Registres aigu & médium – transparence
• « Prodiges » ~ Camille Berthollet
Fort de ce qui précède et qui en dit déjà long, c’est avec un immense plaisir que je retrouve Camille Berthollet et la formation orchestrale qui l’accompagne dans une « configuration » pleine d’énergie et de couleurs chatoyantes et variées.
L’extraordinaire Eté des Quatre Saisons de Vivaldi et le Concerto pour Deux Violons de Jean-Sébastien Bach me sont apparues éblouissants – le mot est d’ailleurs faible.
Le violon de cette jeune prodige est d’une finesse prodigieuse : il sonne avec une pureté incroyable. Le filé est soyeux et les notes s’enchaînent avec un magnifique délié. Lumineux de nature, je n’ai pas relevé de débordement qui occasionnerait une quelconque forme de stress ou de lassitude. Au contraire, ce lecteur réseau montre une linéarité et une cohérence sur les fréquences aiguës et médium qui contribuent à enrichir le message sonore et lui donner une belle saveur. Les fréquences filent haut avec une finesse et une maîtrise prodigieuse.
Si le message sonore est riche sur substance, il dévoile un message sonore d’une excellente transparence. On l’appréciera au travers les divers instruments qui accompagnent la violoniste. Le clavecin parfois relégué au second rang se singularise par sa présence et sa teinte pétillante.
Le contact de l’archet sur les cordes du violoncelle est tout aussi étonnant. Violon et violoncelle forment un duo savoureux duquel émane des contrastes plus convaincants en comparaison avec la version CD de cet album. La minutieuse répartition des fréquences aigu et médium affiche un réalisme étonnant très bien « orchestré » par cet appareil.
Registre grave
• Meedle ~ Pink Floyd
Sur ce registre, il n’y a pas de mauvaise surprise à attendre de ce lecteur réseau dont la bande passante étendue permet de « couvrir » toutes les fréquences, des plus élevées aux plus abyssales.
Le registre grave est exploré avec la profondeur qui sied à One of these Days qui illustre le mythique album Meedle de Pink Floyd.
La « double basse » de Roger Waters est un exercice permettant de valider (ou non) les capacités de réaction d’un élément audio sur ce registre. Cette épreuve « affligée » à l’Emerson Analog a été prise en charge sans difficultés. De nature grave et puissante, la basse est reproduite avec la profondeur et la matière attendue. La lisibilité et la tenue des basses font plaisir à entendre.
J’ai apprécié l’exploration des soubassements qui n’accuse aucune limite apparente. Par ailleurs, ce lecteur réseau donne la garantie absolue d’obtenir une excellente matérialisation que l’on repère aisément avec la grosse caisse de la batterie : le côté « plein » et « puissant » donne le ton.
Fluidité
• Take Five ~ Dave Brubeck Quartet
Eu égard à la technologie déployée par le concepteur, il eut été étonnant que cet appareil ne soit pas en mesure de se positionner comme un élément haute fidélité numérique capable de délivrer la musique de manière « ordonnée » avec des timbres réalistes.
On retrouve à travers cette version de Take Five reprise par Dave Brubeck et son Quartet la magie du son analogique, mais aussi la fluidité et la douceur des très bons pressages vinyle – ce qui n’est pas le moindre des compliments.
Les notes de piano se succèdent une à une avec le perfectionnisme qui l’on doit à Dave Brubeck. Le jeu de saxophone est absolument exquis. Sa sonorité cuivrée se montre rutilante : les différentes intonations sont parfaitement synchronisées avec la batterie et la contrebasse laissant entrevoir une excellente facilité d’expression. Cette remarque peut aussi bien s’appliquer aussi au niveau des attaques des baguettes sur la caisse claire de la batterie et des coups de cymbales. La restitution d’ensemble est d’une propreté immaculée, qui donne réellement l’impression d’écouter ce quatuor en « Live ».
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• The Epics ~ The City Prague Philharmonic Orchestra and Chorus
Pas de tergiversation : Wattson Emerson Analog reproduit la musique avec une vigueur incroyable. L’écoute de différents extraits sui illustrent The Epics – The History of the World démontre une capacité de réaction et une détermination à maîtriser les charges orchestrales de forte amplitude et complexes.
Masada ou 1492 – Conquest of Paradise sont de véritables « monuments » que ce lecteur réseau prend en charge avec un panache incroyable. Même à niveau d’écoute élevé, je n’ai relevé aucune forme de perturbations ou d’agressivité. La dynamique requise par les extraits les plus démonstratifs est gérée sans aucune altération ni hésitation. Nous bénéficions alors de tout le contenu disponible sur ces plages. Du flot orchestral émerge des instruments solistes qui ne sont jamais noyés dans la masse orchestrale, si fougueuse soit-elle. L’Emerson travaille avec rigueur et une rapidité d’exécution exemplaires qui raviront les amateurs de fortes sensations. Ces extraits affichent une dimension et un aplomb bien supérieurs à leur équivalent CD.
Il est impossible de rester insensible aux roulements de timbales de l’Orchestre Philharmonique de Prague. Les enchaînements sont nets, synchronisés, proprement cadencés, d’une rectitude nous confortant sur le dynamisme et les réactions de cet appareil.
Espace et scène sonores
• Dvorak : Slavonic Dances ~ Minneapolis Symphony Orchestra – Direction Antal Dorati
• Dvorak : Slavonic Dances ~ Royal Philharmonic Orchestra – Direction Antal Dorati
Pour mémoire, Antal Dorati a enregistré à plusieurs reprises la suite de Danses Symphoniques d’Anton Dvorak, dont l’intégrale chez Mercury Linving Présence.
L’écoute en mode dématérialisé constitue un bon test permettant de cerner les dimensions de la scène sonore. Bien que ces deux versions n’aient pas été « reprises » en haute résolution, cela ne constitue pas un frein à la magnifique « extension » que prend chacune de ces interprétations.
J’ai trouvé que le lecteur réseau Wattson avait la faculté de déployer harmonieusement la scène sonore, lui offrant ainsi à l’auditeur un vaste panorama. L’approche holographique est conforme aux versions en format CD et joués avec des lecteurs de grande qualité. J’irais même jusqu’à dire que la scène sonore prend des proportions un peu supérieures. Aucune forme d’altération ou de compression ne sont à déplorer. Les contrastes sont bien respectés et l’agencement des plans est irréprochable. L’image se montre d’une stabilité inattaquable. De surcroît, les grandes montées en puissance et les écarts de dynamique démontrent un comportement sain et sans faille.
L’étagement de chaque plan est appréciable : il autorise une excellente vision et audition de chaque pupitre. Les instruments de second rang tels que le triangle ou d’autres instruments plus discrets, arrivent à se distinguer au sein d’une masse orchestrale souvent étoffée. Si la scène sonore est d’une ampleur magistrale, le contenu des différents thèmes est toujours bien documenté. A travers cette abondance d’informations, je me suis bien rendu compte de la prodigieuse aération dont faisait preuve ce produit qui laisse la musique respirer à sa guise.
Séquence émotion – sens de l’expression
• Sonate Kk 87 – Domenico Scarlatti ~ clavecin : Trevor Pinnock
• Sonate Kk 87 – Domenico Scarlatti ~ piano : Mikhail Pletnev
Parmi les superbes sonates composées par Domineco Scarlatti, il y a la somptueuse Sonate Kk87. La catalogue Qobuz propose, entre autres, deux versions : celle utilisée habituellement pour mes tests, interprétée au piano Mikhail Pletnev et puis celle découverte lors de ce test, interprétée au clavecin par Trevor Pinnock.
Cette sonate s’écoute religieusement. Emerson Analog permet justement de goûter pleinement à la virtuosité des deux interprètes et d’être immergé dans le monde musical du compositeur. Dans l’un et l’autre des cas, vous n’avez pas idée du degré de résolution permis par ce lecteur réseau pour aboutir à une telle émotion, celle qui vous procure le grand frisson, celle qui vous fait monter les larmes aux yeux.
La qualité de reproduction de chacun de ces instruments est exquise. L’analyse permet d’appréhender le dosage de chacune des notes du piano à travers la haute technicité et la maîtrise de l’instrument par Mikhail Pletnev. Je garantis de la présence du piano dans ma pièce d’écoute.
La version pour clavecin est tout aussi renversante. Trevor Pinnock s’emploie à faire simplement chanter son clavecin. Ce lecteur réseau a de réelles capacités à reproduire chaque intonation, chaque inflexion de la manière la plus naturelle qui soit. Le grain de l’instrument, les différentes teintes qu’il prend reflètent les innombrables couleurs que peu prendre l’instrument. A cela s’ajoute des séries d’harmoniques à couper le souffle. Chaque note dure, se propage, et s’éteint dans le temps et l’espace de manière absolument divine, incroyable.
• Quiets Nights ~ Diana Krall
• Les Marquises ~ Jacques Brel
Examiner la « nature » des voix est un exercice qui permet de détecter totalement le contenu du message « stocké » à distance, mais surtout de valider la façon dont sont traités ces fichiers et, de fait, la fidélité de la restitution. Tous les lecteurs réseau / Dac n’offrent pas un comportement identique, et les références de début de gamme amènent souvent à une simplification ou un contenu décharné de la reproduction.
Parmi les enregistrements qualitatifs, j’ai retenu deux albums que j’utilise souvent en version vinyle et CD, dont le contenu m’est apparu de qualité suffisante pour être confié à notre protagoniste. Aussi, je me suis même risqué à effectuer des comparaisons avec les versions vinyle et CD.
Je dois vous confier que la surprise fut bonne; très bonne même. J’ai retrouvé en tous points la nature sensuelle et chaleureuse de la voix de Diana Krall. La restitution est convaincante, douce, articulée. Chaque syllabe, chaque mot, chaque reprise de souffle sont parfaitement perceptibles. Cela confirme ainsi l’excellence de la communication entre l’interprète et l’auditoire. En outre, on appréciera l’accompagnement orchestral en toile de fond et les différents reliefs qui positionnent la chanteuse et quelques instruments bien ciblés au premier plan.
Sur les Marquises de Jacques Brel, nous allons encore plus loin pour un plaisir d’écoute total. La Ville s’endormait ainsi que Les Marquises sont totalement bouleversants tant le sens de l’expression est poussé à son paroxysme. L’écoute au casque, entre autres, démontre avec quelle « honnêteté » l’artiste s’exprime avec son immense talent. Ce talent est relayé par ce fabuleux lecteur réseau, tout aussi talentueux dans sa façon de traiter les flux numériques et analogiques. Je me suis laissé bercer par ces deux extraits particulièrement éloquents, d’une légèreté, d’une force et d’une pureté qui donnent carrément le frisson. Un immense moment de plaisir que l’on aimerait assurément partager.
Conclusion :
La musique dématérialisée constitue un vaste programme. Comme pour les disques vinyles et CD, le catalogue des éditeurs est étoffé, mais si les enregistrements sont perfectibles, il vaut mieux avoir recours à des éléments audio moins ambitieux et cela s’applique aux lecteurs réseaux & dacs.
Le modèle Emerson Analog s’appuie sur une technologie de pointe lui permettant d’être inséré au sein d’un ensemble audio ambitieux. Très performant sur la gestion des flux numériques, il offre une restitution musicale riche, de consonance analogique et très naturelle. La scène sonore affiche une réelle ampleur. Emerson Analog a une véritable vocation à émouvoir un public sensible à la musique. Notez vous que ce lecteur réseau, hautement recommandable, est l’un des meilleurs de sa catégorie.
Prix : 1499 € (10/2020)