B&W CM 8
Origine : Grande Bretagne
Enceinte 3 voies / 4 HP – bass-reflex
Sensibilité : 88 dB / 1w / 1m
Impédance moyenne : 8 ohms
Puissance admissible : 150 watts
Réponse en fréquence : 43 Hz à 50 kHz (-6db)
Dimensions : ( H x L x P ) 0,93 x 0,165 x 0,277
Placée initialement entre la CM 7 et la CM 9, la B & W CM 8 vient remplacer la première qui tire sa révérence après une carrière de courte durée. D’ailleurs, pour resituer le sujet, la CM 8 est plus proche de la CM 9 que de la CM 7, et on peut dire de façon simpliste que la CM 8 est une petite CM 9, et non pas une grande CM 7. En tout état de cause, cette enceinte de type colonne est sans aucun doute un produit beaucoup plus abouti que la CM 7, qui dans sa catégorie n’avait pourtant rien de ridicule. Je pense tout de même que la CM 8 est plus ambitieuse que la CM 7.
La CM 8 est une 3 voies électrique / 4 haut-parleurs, bass-reflex. Le tweeter à dôme aluminium monté sur un tube progressivement effilé (technique Nautilus), rempli d’une ouate absorbante, atténue graduellement l’énergie de l’onde arrière, jusqu’à éliminer virtuellement toute résonance indésirable. Le grave est confié à 2 haut-parleurs dont la technologie a fait largement ses preuves.
Le haut-parleur de médium est doté d’un noyau anti-tourbillonnaire, qui a son importance sur la plan de la phase. Sa membrane en Kevlar tressé est destinée à améliorer la réponse temporelle et garantir l’intégrité générale de la transmission sonore. Comme la membrane d’un haut-parleur médium ne présente pas de grands débattements, Bowers & Wilkins a pu rendre la forme de cette suspension périphérique presque invisible.
L’évent de décompression placé en face avant met en œuvre la technique « Flowport » développée par Bowers & Wilkins ; technique qui a pour objectif de minimiser les turbulences de la même manière qu’autour d’une une balle de golf : Des petites cavités en creux, sur sa surface, génèrent des micro courants qui permettent à l’air de s’écouler avec régularité, réduisant les turbulences et améliorant les performances. Bowers & Wilkins précise que si des turbulences apparaissent au niveau de la circulation de l’air dans cet évent, il s’ensuit la génération d’un bruit parasite. Ainsi, selon le concepteur, plus on monte le volume sonore, plus le grave perd en fermeté et en respect du rythme initial.
Enfin, les filtres montés sur la série CM font appel aux meilleurs composants, sélectionnés à l’écoute, et montés de façon simple et soignée. Au chapitre des possibilités de connexion, on relève également que la CM 8 accepte les possibilités de bi-câblage ou de bi-amplification grâce aux 4 excellentes bornes qui acceptent les fiches banane, les fourches, et le câble nu.
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ECOUTE
Les tests d’écoute ont été effectués avec le matériel suivant : amplificateur intégré ATOLL IN 100 SE, lecteur CD 100 SE , ainsi que des câbles YBA Glass. D’autres tests ont été également pratiqués avec un ensemble NAIM Nait 5 i et lecteur CD 5. Pour information, il est précisé que la CM 8 a fait l’objet d’une écoute comparative avec la Davis Matisse, et qu’à ce titre les deux enceintes ne sonnent pas de la même manière.
CD retenus pour les tests : la Folia de Gregorio Paniagua, Chet Atkins , Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire et Ramadou / Générations, Danse Into Eternity par Omar Faruk Tekbilek
1° Communication avec l’auditeur
C’est avec un infini respect que le tandem ATOLL / B & W s’affiche musicalement de façon on ne peut plus naturelle. Sans apparaître projetée, la restitution musicale offre un entrain plutôt agréable de l’infra-grave à l’extrême aigu, avec un savant dosage des différents timbres. La communication avec l’auditeur est immédiate, comme on peut le constater avec les vocaux et chœurs de Tri Yann et l’ONPL.
A tout dire, sur certains passages de cet album en public, j’ai pu constater un aspect légèrement bouché, mais j’ai l’impression que ce CD n’a pas forcément fait l’objet du meilleur mixage du moment. En revanche, j’ai été agréablement surpris et ému en écoutant l’extrait Complainte de Marion Faouet tiré de l’album Générations où le jeu de Low Whistle nous amène réellement dans un univers celtique, notamment en ce qui concerne le « vibrato » de chaque musique, remarquablement interprété et restitué. Dans le même esprit et sur le même extrait, le jeu de violon solo à la fois précis et d’une belle douceur, s’affiche à travers une très belle matérialisation, et une superbe présence dans la pièce d’écoute.
De même on retrouve cette sensation de présence générale dans la pièce d’écoute avec le CD Danse Into Eternity par Omar Faruk Tekbilek, et la petite formation qui accompagne le guitariste Chet Atkins.
2° Timbres
S’agissant des timbres et couleurs musicales, on peut tout de même admettre que l’équilibre objectif est de premier ordre du grave le plus profond à l’extrême aigu. Le grave descend étonnamment bas sans boursoufflure ni coloration intempestive.
Sur l’extrait Exodus joué par le guitariste Chet Atkins, on peut souligner immédiatement le jeu de contrebasse hyper lisible et diaboliquement profond. Le grave ne se »répand » pas par terre, il est à la fois contenu bien maîtrisé et permet d’appréhender une grande variété de notes de musiques. Sans être hyper analytique sur ce point, la CM 8 ne peut être taxé d’aucune critique ou manquement dans ce domaine.
L’autre point fort de la CM 8 est son registre aigu à que l’on peut qualifier de fin, ciselé, dépourvu d’agressivité, et qui permet ce fourmillement de micro détails. En effet, sur différents passages la Folia de Gregorio Paniagua , les instruments de musique baroques sont d’une précision et d’une excellente justesse qui rend notamment un bel hommage au jeu de cromorne, au clavecin, dont les timbres sont très bien respecté. Le registre aigu s’articule de façon subtile autours du médium qui met en valeur la richesse des différents instruments de musique, et permet d’obtenir des plans précis et bien ordonnés.
Les couleurs des instruments prennent ici une saveur à la fois conviviale et le respect de ces timbres permet de découvrir finalement la couleur authentique des instruments de musique. Si je devais utiliser un terme concernant les timbres en général, je qualifierais volontiers la CM 8 d’onctueuse et d’élégante.
3° Scène sonore
Aucune contrainte ou « timidité » ne sera relevée à l’écoute de la CM 8. Qu’il s’agisse de l’ensemble ATOLL ou NAIM, la CM 8 ne tronque rien. Si le système audio est généreux, cette enceinte s’émancipera de manière libre et aérée – c’est sur ce point, que la différence avec la CM 7 est la plus flagrante.
Il convient d’attirer votre attention sur le fait que la CM 8 n’a pas tendance à en faire trop, ni en rajouter. Si l’enregistrement présente des imperfections, et / ou si un des maillon du système se caractérise par des insuffisances, cette enceinte acoustique ne créera jamais l’inexistant. Dans les configurations évoquées, la scène sonore est ample, n’accuse aucune retenue, elle est fort bien dimensionnée tant en hauteur, qu’en largeur, et qu’en profondeur. Avec quelques extraits de Tri Yann et l’ONPL, et sur les passages un peu chargés, la CM 8 permet de distiller absolument tous les groupes d’instruments et de voix, de bien positionner ceux-ci, sans sombrer dans une bouillie parfois infâme, ou une confusion totale.
4° Transparence
Dans la continuité de l’appréciation des timbres, on peut vraiment dire que cette colonne favorise la transparence. Quelques extraits de Danse Into Eternity par Omar Faruk Tekbilek permettent d’apprécier à leur juste valeur les instruments à cordes pincées, et d’être plongé sans réserve au cœur d’une musique emprunte de la culture Turque. Une mention spéciale est à décerner pour le détourage des instruments et des voix, on se prend facilement au jeu de l’observation des micro-détails qui apparaissent de manière claire et spontanée.
Même si cette transparence n’a pas la fibre absolument cristalline qu’ont certaines enceintes de plus haut gamme – y compris chez B & W – dans une masse d’informations chargée comme sur le CD Tri Yann et l’ONPL, on distinguera sans peine tout un panel d’instruments de musique pas ou peu évidents à entendre dans certaines configurations : petits tintements d’un triangle, interventions de la mandoline et du cromorne.
5° Dynamique et réactivité
Sur ces deux derniers points, pas de « prise de tête » : la CM 8 réagit vite et bien. Le tandem ATOLL / B & W (ou le cas échéant NAIM / B &W ) ne dérape jamais, et sur les charges complexes aucun fléchissement n’est à craindre, ni de la part de l’amplificateur, ni de la part des enceintes acoustiques.
Différentes formes de percussions utilisées sur les extraits de Danse Into Eternity par Omar Faruk Tekbilek démontrent les propensions de cette digne fille des Nautilus à exclure toute forme de traînage, laissant sur le bord du chemin le côté vivant et réactif. Les grands écarts de dynamique sont encaissés avec une bonne capacité d’expression sans atrophie notable, mais sans excès non plus.
Ce sont les accompagnements au piano sur Exodus par Chet Atkins qui m’ont particulièrement convaincu du potentiel de cette enceinte sur le plan de la bonne tenue. Ce piano prend non seulement une dimension plausible dans la pièce d’écoutes, mais les attaques sont suffisamment franches et nettes pour reproduire une lisibilité sans faille. Toutes choses égales par ailleurs, la même remarque peut être appliquée au jeu de contrebasse qui n’accuse pas davantage « d’écarts de conduite ».
Conclusion
Raffinée et expressive, la CM 8 est une enceinte acoustique hautement recommandable. Très équilibrée, elle requiert tout de même des amplificateurs dont l’alimentation est généreuse, et plus généralement des systèmes audio neutres, mais au caractère bien trempé. Que ce soit avec l’ensemble ATOLL ou NAIM, la CM 8 promet une restitution particulièrement riche, ouverte, dégraissée, consistante, émotionnelle, et qui sait conserver des couleurs très naturelles.
Cotations : |
Musicalité : aboutie
Appréciation personnelle : pas de critiques à formuler
Rapport musicalité – prix : très bon |
Prix : 1800 € ( 06/2011 )
Ecoute réalisée par
LionelSchmitt
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