B&W CM 10 Origine : Grande Bretagne
ECOUTE Les tests d’écoute ont été effectués avec le matériel suivant : lecteur CD ESOTERIC K-07, convertisseur / préamplificateur ESOTERIC D 05, amplificateur intégré ESOTERIC I-03, préamplificateur YBA Classic 1 Delta et bloc de puissance YBA Classic 1 Delta, préamplificateur NAIM Nac 202 et bloc de puissance NAIM Nap 250, lecteur réseau NAIM ND 5 XS, NAIM DAC et alimentation HI-CAP 2-DR, câbles de modulation ESPRIT Kappa et NAIM Snaic 5, câbles HP ESPRIT Kappa et YBA Diamond. CD utilisés : Requiem (s) de Mozart – Celtic Spectacular par Erich Kunzel – Suite Symphonique » Lieutenant Kué » de Serge Prokofiev – La Folia de la Spagna par Gregorio Panagua – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Quiet Nights par Diana Krall – Air Varié d’après Colombi (école de Madène 17ème siècle) – » Stabat Mater » de Vivaldi sous la direction de Christopher Hogwood – Porgy and Bess de Gershwin / suite orchestrale dirigée par Franck Chacksfield, etc … 1° Découverte et premières observations Que la lumière soit, et la lumière fut ! : quelque soit l’origine des électroniques et des sources mises en œuvre, les premières secondes d’écoutes livrent à l’auditeur une exceptionnelle transparence. Avec un tel constat tout est dit ! enfin, presque tout……La CM 10 est quelque part un peu paradoxale : ses facultés d’analyse sont extrêmement poussées, et pourtant l’aspect quelque peu feutré n’est jamais très loin. Voici un tour de force qui m’autorise à penser que cette enceinte est d’une magnifique neutralité, et d’un équilibre réaliste. La CM 10 va à l’essentiel et prend les teintes sonores des électroniques qui lui sont associées. Autant dire qu’avec l’ensemble YBA Classic 1, on obtient un résultat d’écoute de très haut niveau. Les meilleurs moments que j’ai pu passer en compagnie de cette colonne ont été relevés avec l’ensemble NAIM. C’est avec cet ensemble que tous les extraits de » Celtic Spectacular par Erich Kunzel » ont donné le meilleur de leur puissance et leur pouvoir de persuasion. Beaucoup d’extraits de jazz et de musique classique que je ne connaissais pas et exploités en mode dématérialisé via le NAIM ND 5 XS et le DAC m’ont révélé que cette enceinte acoustique s’y entend pour faire vivre la musique. Le premier élément que l’on retiendra de cette enceinte acoustique est l’aspect naturel, le respect des timbres et l’équilibre général. Cette enceinte acoustique reprend la philosophie musicale de la CM 8, mais va nettement plus loin que cette dernière sur l’ensemble des paramètres, dont le registre grave qui descend plus bas, la transparence générale mieux travaillée, et un registre aigu plus affûté et plus aérien. La CM 10 diffère de la CM 9 que j’avais trouvé en son temps un peu plus « réservée ». 2° Les timbres et l’équilibre général A l’écoute de la suite orchestrale » Porgy and Bess » dirigée par Franck Chacksfield, j’ai savouré avec un réel bonheur la qualité des timbres sur chacun des groupes d’instruments. Des cuivres aux cordes en passant par le hautbois, la flûte traversière, on ressent une volonté de donner à l’auditeur du réalisme et de la prestance. De nombreuses percussions et le jeu de batterie précis et doux à la fois donnent une touche de vie supplémentaire qui débouche sur une justesse incroyable. Les notes de harpe qui s’égrènent et parviennent à nos oreilles avec élégance sont tout bonnement « palpables ». Cette suite diablement orchestrée par Franck Chacksfield rend vraiment un bel hommage à Georges Gershwin. Vous l’aurez compris, la CM 10 se distingue des autres enceintes de la gamme au travers son registre grave. Très travaillé, précis, ferme, bien tendu, celui-ci descend dans des octaves qui permettent à la contrebasse du Modern Jazz Quartet et plus particulièrement sur l’extrait » Valéria » d’être réaliste et prendre une dimension vraisemblable au sein d’une vaste pièce d’écoute. Le jeu de piano confirme à son tour sa superbe prestation par des attaques nettes, précises, et le poids des notes qui nous invite à taper du pieds pour accompagner la mesure. Le jeu de cymbale qui ponctue la partition se révèle hyper défini et très fin : il donne une touche de délicatesse qui ne m’a pas échappée. Extrêmement douée pour faire ressortir chaque nuance, cette nouvelle mouture signée B & W sait conjuguer la douceur et la précision. Ces deux caractéristiques étant ici indissociables, on sera agréablement surpris par le sublime détourage des instruments et voix, illustrés par la voix de Diana Krall au travers de son album » Quiet Nights « . La teinte charnelle de l’interprète n’amène que des éloges, la texture de la diction apporte un excellent contraste par rapport au « fond orchestral » qui forme pour la circonstance un complément réussi. Les nappes de violon sont discrètes mais affichent une présence d’un « velouté » plutôt sympathique. La rythmique de bon goût joue un rôle important : elle apporte une couleur tonale qui enrichit les prestations vocales et orchestrales. J’ai pu observer un grand nombre de contrastes et une palette de couleurs tonales étendue et cela ne rend pas l’écoute longue durée monotone. Le sens de l’analyse, d’ailleurs très complémentaire, permet à l’auditeur de découvrir un très grand nombre de détails, de variations, et des ambiances très particulières selon la prise de son où le local. Sur les deux CD de Tri Yann et l’Orchestre National des Pays de Loire, on entend beaucoup de choses en arrière plan et les applaudissements sont éclatants de vérité. 3° Présence – réactivité Comme l’ensemble des enceintes de la gamme CM, la nouvelle venue est une enceinte acoustique réactive qui, de surcroît, possède un sacré tempérament. La CM 10 gagne au niveau de l’assise dans les basses fréquences et encaisse tous les coups lors des grands écarts de dynamique. Différentes versions du Requiem de Mozart, ainsi que des extraits de jazz n’ont pas réussi à mettre à genoux cette enceinte acoustique. Même à fort niveau d’écoute, la CM 10 diffuse en permanence une musicalité intelligible, sans traces de distorsion ou autres formes de confusion. Cette réactivité va dans le sens d’une très belle présence dans la pièce d’écoute. Elle est relayée par un tempérament holographique qui reste maîtrisé et suggère une bonne maîtrise en matière de relation entre le(s) interprète(s) et le ou les auditeur(s). Les plans ont une structure qui me convient bien dans la mesure où l’on distingue bien dans l’espace les instruments de premier rang de ceux de second rang, ou plus éloignés. Ce phénomène démontre une profondeur de champ très nette et nous fait bénéficier d’une aération exemplaire. La hauteur et la largeur de la scène sonore sont généreuses : elles suggèrent une dimension respectable dans une pièce d’écoute de bonne dimension. Sans être envahissante, la CM 10 autorise une véritable communication avec l’auditeur. 4° La communication avec l’auditeur Si cette enceinte acoustique est soigneusement accompagnée par un système audio de qualité reconnue, eh bien oui ! , elle établira un contact charnel avec l’auditeur. Son grand pouvoir de résolution acoustique contribue à la rendre très communicative grâce à une musicalité expressive. La CM 10 lève le voile sur tout, et je dis bien absolument tout, ce qui existe sur un enregistrement bien réalisé, y compris si celui-ci est de nature dématérialisée. Avec la CM 10, la vie et la musique prennent leurs droits et c’est, entre autres, sur la Suite Symphonique » Lieutenant Kué » de Serge Prokofiev que l’on peut apprécier le véritable don qu’a cette enceinte pour procurer des frissons d’émotions. Tous les instruments sont reconnaissables dès la première seconde de leur intervention. Le hautbois et le basson ont une texture sonore réellement proche de celles que j’ai pu parfois entendre en direct. Les arpèges de harpe sont décortiqués avec un tel soin que l’on se surprend à distinguer clairement la fine agilité du doigté de l’interprète sur les cordes de son instrument. Les mots me manquent à l’écoute de » Air Varié d’après Colombi (école de Madène 17ème siècle) « . Cet enregistrement effectué en public recèle d’un nombre invraisemblable de variations que notre CM 10 se fait un malin plaisir de délivrer pour porter la musique au sommet de son art. Le clavecin présente un grain de toute beauté, tandis que la couleur des timbres nous susurre à l’oreille sa sonorité pétillante si caractéristique. Le thème est repris par le violon d’une douceur et d’une fluidité maîtrisées. En contrechant, la viole de gambe amène une étoffe – juste ce qu’il faut – dans le bas du spectre. D’une manière générale, le sens du raffinement dont fait preuve la CM 10 dévoile particulièrement bien l’enthousiasme qui a animé les interprètes lors de la prise de son. La mise en scène musicale est prodigieuse et je me suis plu à déguster chaque note et chaque variation avec un grand plaisir. L’extrait se termine par une série d’applaudissements au réalisme déconcertant. Pour achever cette présentation de la CM 10, l’extrait » Stabat Mater » de Vivaldi sous la direction de Christopher Hogwood vous glacera le dos tant la voix de James Bowman (Haute Contre) vous prend au tripes. Il se passe dans la salle quelque chose d’insolite qui invite l’auditeur à communier avec l’œuvre de Vivaldi à travers cette voix magique qui s’exprime avec une telle pureté et un tel pouvoir de conviction que l’on en vient à oublier le système d’écoute et l’environnement dans lequel se trouve l’auditeur . Conclusion : Hautement recommandée par mes soins, je vous assure que la CM 10 offre tout ce que l’on demander d’une enceinte acoustique de haut de gamme. Cette enceinte s’accommode de tous les styles de musique qui lui sont confiés. Elle constitue l’aboutissement d’une gamme qui a grandi au fil des années, au point de rivaliser avec les premiers modèles de la gamme Diamond, ou tout au moins la 805. Nous sommes en présence d’une grande enceinte acoustique destinée à accompagner des systèmes audio de haut gamme et porter la grande musique au sommet de son art. Ecoutez là au moins une fois, vous n’en reviendrez pas !
Prix : 3590 € (01/2014)
Ecoute réalisée par
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