YBA GENESIS CD 4
Origine : France
Réalisation : Chine
Lecteur CD intégré
Bande passante : 20 Hz à 20 kHz
Taux de distorsion :
– 0,0015% (16bits)
– 0,0008% (24bits)
Rapport signal / bruit : 110 dB
1sortie RCA asymétrique
1 sortie XLR symétrique
1 sortie digitale coaxiale
2014 annonçait le retour d’YBA en France et j’avais été heureux de pouvoir tester les nouvelles moutures tant attendues PASSION et GENESIS, lesquelles bénéficient aujourd’hui d’un beau succès à travers le monde. D’ailleurs, la gamme GENESIS et notamment le couple PR 5 & A 6 reprenaient à leur compte la philosophie musicale du concepteur connue et reconnue ; cette philosophie qui avait fait la renommée de la marque au travers des ensembles CLASSIC 3 et 2. Cependant, il manquait cruellement à cette gamme GENESIS un lecteur CD.
Depuis le début de l’année 2015, ce vide est désormais comblé : le concepteur nous informe qu’un tout nouveau lecteur CD Intégré vient compléter la gamme GENESIS. Ce modèle fait l’objet du présent banc d’essai.
Tout comme le PASSION CD 430, le CD 4 est un lecteur « intégré » fonctionnant en totale autonomie, sans convertisseur externe. Sa référence (CD 4) ne serait-elle pas un clin d’œil aux mythiques versions CD 3, 2, et 1 ? On pourrait même imaginer que ce lecteur CD est destiné à succéder au CD 3 Classic Player.
Contrairement aux versions CLASSIC CD 3, 2 et 1, YBA s’est résigné à toute forme d’évolution par ajout d’une ou plusieurs alimentations complémentaires. D’ailleurs, le CD 4 n’en a pas besoin puisqu’il intègre d’origine tout ce qu’il faut pour être « top niveau ». Trois transformateurs ont été implantés sous le capot : le premier alimente la section numérique, la gestion des fonctions, et le mécanisme de lecture. Les deux autres, soit un par canal, ont la « lourde » responsabilité de garantir le fonctionnement optimal de l’étage analogique. Se sont des modèles en double C à grain orienté pompé sous vide pendant huit jours. Ils sont ensuite imprégnés selon une méthode spécifique qui conduit à toute absence de vibrations et exclut toute forme de distorsion. YBA de préciser que le comportement en distorsion peut être assimilé à celui d’un tube c’est-à-dire avec de la distorsion impaire.
La configuration de l’étage de sortie analogique est du type double mono avec un montage symétrique.
La face arrière regroupe trois types de connecteurs dont les excellentes fiches de connexions d’origine YBA directement boulonnées sur le châssis et isolées. Les fiches RCA plaquées or sont doublées par des connecteurs XLR pour la connexion symétrique. Une sortie numérique RCA S/PDIF autorisera la liaison directe avec le PRE 5, ou l’amplificateur intégré IA 3 de la même marque, voir un convertisseur externe. Cette sortie peut être mise hors service grâce à un interrupteur, ce qui évitera toute forme d’interférence sur signal analogique. Délicate attention : la fiche secteur comporte un point rouge pour signaler la phase secteur.
Pour le mécanisme de lecture, YBA a choisi un bloc Sanyo HD850 CD. Le chargement du CD s’effectue par le dessus via une trappe coulissante qui devra rester partiellement ouverte pendant la lecture afin de minimiser les vibrations dues au mouvement de l’air entrainé par la rotation du disque. Cette mécanique offre plusieurs avantages : elle est très silencieuse pendant les opérations de recherche ou de lecture, ce qui est primordial pour un lecteur « ouvert ». L’initialisation du CD est quasiment instantanée, et la recherche des plages est rapide.
Bien entendu, cette mécanique a été traitée à la « sauce » YBA avec un système de suspension spécifique. Le concepteur n’a pas omis d’associer à ce mécanisme la célèbre diode bleue fixe dont les « praticiens » de la marque connaissant désormais les bienfaits et l’efficacité.
Le compact disque est plaqué sur son support rotatif par un palet presseur magnétique qui contrairement à celui du PASSION CD 430 est très léger. Comme celui du CD 430, ce palet presseur est cerclé d’un joint torique en caoutchouc qui joue un rôle d’amortisseur spécifique.
La section de conversion numérique a été pensée autours d’un convertisseur Cirrus Logic CS4398 24 bits / 192 kHz fonctionnant en delta / sigma. Cependant, il ne traite ici que les CD codés en 16 bits – 44,1 kHz.
La face avant est sobre et son design épuré est simplement « craquant » : deux sections en forme de vague rassemblent les éléments indispensables au fonctionnement de l’appareil. La partie haute contient l’afficheur qui rappelle la référence de l’appareil, le compteur, la fonction en cours, et le numéro de la plage écoutée. La partie basse rassemble trois clefs à bascule : une pour la mise en veille, une pour les fonctions Play / Pause / Stop, et une troisième pour le saut de plage avant et arrière.
L’ensemble de ces fonctions est reprise par la télécommande fournie d’origine commune aux électroniques de la gamme GENESIS. Cette très belle télécommande plaquée aluminium n’autorise qu’un minium de possibilités : l’absence de pavé numérique interdit l’accès direct aux extraits désirés, et aucune programmation n’est accessible à l’utilisateur. Toutefois, on appréciera la possibilité de lecture en boucle (repeat) et l’extinction partielle ou totale de l’afficheur.
La mécanique et l’électronique sont disposées sur une épaisse plaque d’aluminium de 9 millimètres d’épaisseur qui repose les 3 pieds dont la conception est similaire à celle des PRE 5 & A 6 : les deux pieds arrière sont des isolants tandis que l’unique pied « dur » à l’avant joue le rôle de terre mécanique. YBA précise qu’à la demande du client, et en fonction du support sur lequel le lecteur CD est placé, il est aussi possible de remplacer un ou plusieurs pieds par des pieds « durs ».
Le couvercle en U inversé est entièrement en aluminium : il joue un rôle important contre toutes formes de pollutions mécaniques, électromagnétiques, ou environnementales (ondes d’origines diverses).
Ecoute :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec le matériel suivant : préamplificateur YBA Classic 3 Delta, bloc de puissance YBA Classic 3 Delta DT, enceintes acoustiques PEL Kantor, câbles de modulation et HP ESPRIT Aura et YBA Diamond.
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615, câble secteur G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque.
CD utilisés :
CD test NAIM Sampler N° 6 – Silk Road Suite par Kitaro et le London Symphony Orchestra – Direction Paul Buckmaster – Concerto Brandebourgeois N°1, 2 et 3 de Jean-Sébastien Bach – Direction : Trevor Pinnock – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Dance Intro Internity par Omar Faruk Tekbilek – Sonate Kk.87 de Scarlatti interprétée au piano par Mikhail Pletnev – Water Music de Georg Friedrich Haendel – Direction : Trevor Pinnock – Double Jeux par Laurent Korcia – Take Five par Quincy Jones – Folia de La Spagna de Gregorio Paniagua – Suite symphonique Op. 60 » Lieutenant Kué » de Serge Prokofiev dirigée par Yuri Simonov.
Je remercie le concepteur Yves Bernard ANDRE ainsi que le distributeur JFF Diffusion qui ont bien voulu, avec la contribution de Thierry G. mettre à ma disposition ce lecteur CD pour 2 mois afin de pouvoir réaliser ce test d’écoutes dans de bonnes conditions et vous le présenter en exclusivité.
La tradition musicale se perpétue et ce n’est pas la délocalisation du lieu d’assemblage qui pourrait altérer ou modifier la philosophie musicale propre à YBA.
Comme vous pouvez vous en douter, les tests d’écoutes ont porté pour partie sur une comparaison avec le lecteur Classic Player 3.
A tout dire, je n’ai pas été décontenancé lorsque les premières mesures de la » Folia » de » La Spagna » de Gregorio Paniagua se sont mises en ordre de marche. Le ton était donné : une fois le rodage achevé, ce lecteur montre qu’il en « a sous le pied » pour donner la pleine mesure de ses capacités à reproduire la musique avec une efficience qui m’incite à dire que nos meilleurs enregistrements gravés en format 16 bits / 44,1 kHz n’ont rien à envier aux musique téléchargées et « véhiculées » par un PC connecté à un Dac, fût-il de dernière génération.
Par ailleurs, dans cette gamme de produits et de tarifs, bon nombre de concepteurs / réalisateurs ont depuis longtemps jeté l’éponge et à défaut de produire des machines novatrices, ils ne font même pas l’effort d’améliorer les bases existantes. A ce titre, YBA apporte une réponse et a travaillé son sujet de façon à poursuivre l’œuvre engagée il y a plus de 20 ans en matière de « lecture numérique ».
Le terrible potentiel musical du CD 4 est très certainement issu du choix de ses convertisseurs, du circuit développé spécialement pour eux et sur lequel ils sont implantés. La diode bleue (brevet YBA) joue aussi son rôle, l’alimentation surdimensionnée et le soin avec lequel l’étage de sortie a été réalisé contribuent ainsi à rendre à musique particulièrement naturelle.
Le CD 4 se met au diapason lorsqu’il s’agit d’évaluer la couleur musicale d’ensemble et plus particulièrement celle des timbres.
Le registre grave est un cas : il convient d’y porter toute l’attention nécessaire. Avec son registre grave « puissant », le CD 4 a de quoi rivaliser avec les plus grandes réalisations passées et actuelles du constructeur. Par ailleurs, sur ce point, le CD 4 tient parfaitement la route face à la concurrence sur ce créneau de produits. Soyons clairs : puissant ne signifie pas envahissant – on parlera plutôt de présence lorsque la situation le requiert. Pas de rondeurs excessives ou de boursoufflures déplacées, mais simplement un registre grave qui descend vraiment bas.
Les fréquences basses sont d’une lisibilité qui met réellement en valeur aussi bien les lignes d’une contrebasse endiablée, d’une guitare basse à l’énergie débordante, ou simplement les notes graves des grandes orgues d’une cathédrale ou encore de percussions.
Le travail d’orfèvre se poursuit d’un bout à l’autre de la bande passante audible, avec un registre aigu inégalable – marque de fabrique d’YBA – qui passe au crible toutes les petites nuances qui font la richesse d’un enregistrement de bonne qualité. Les petits coups de cymbales, les notes discrètes d’un triangle ou d’un carillon teintent à nos oreilles avec cette finesse inégalable qui n’appartient qu’aux « grands produits ». Le registre aigu s’article autour du registre médium particulièrement savoureux lorsqu’il s’agit de mettre en valeur les cuivres de » Take Five » interprété par Quincy Jones. Les interventions saccadées de cymbales et du xylophone s’immiscent par petites touches très fines et très « palpables » entre les cuivres rutilants et le piano pour donner un élan de vivacité supplémentaire à la rythmique.
Par ailleurs, je m’incline devant le « dégradé » de couleurs des flûtes baroques, du cromorne, et du clavecin qui illustrent la » Folia » de » La Spagna » de Gregorio Paniagua, dont j’ai également pu mesurer le comportement des notes qui s’éteignent doucement dans le temps et l’espace, donnant davantage de vraisemblance au réalisme de ce CD déjà un peu ancien mais dont la prise de son a été soignée.
Le voile se lève sur une foule de détails parfois noyés dans les dédales d’une orchestration « massive ». De tempérament plutôt informatif, ce lecteur CD s’emploie à analyser à la perfection chaque fréquence, à mettre l’accent sur chaque inflexion, chaque nuance, avec une minutie réellement surprenante, voir même confondante. A chaque instant, j’ai eu le sentiment de redécouvrir sous un jour nouveau des enregistrements que je croyais pourtant bien connaître.
A l’instar de son aîné le PASSION CD 430, le GENESIS CD 4 pousse à son paroxysme le sens du détail, et met en lumière des éléments qui font la différence. C’est très agréable, très captivant d’écouter divers extraits issus de répertoires différents qui offrent un supplément d’informations qui enrichissent l’écoute, et vous font redécouvrir votre CDthèque.
Si le sens de l’analyse et la clarté constituent les points forts de ce lecteur CD, je puis vous certifier que vous n’aurez jamais à redouter une once d’agressivité ou d’acidité. Sur ces chapitres, je rappelle que le concepteur a toujours su mettre au point des solutions techniques qui permettent de fouiller en profondeur le contenu d’un enregistrement, de le rendre bien documenté, limpide, en prenant bien soin de préserver la douceur d’ensemble. Chez YBA, on met un point d’honneur à s’approcher au plus près de la teinte musicale des instruments de musique, et le CD 4 en est une nouvelle fois la preuve. La transparence légendaire à la quelle YBA est attachée depuis de longues années n’a rien à envier aux produits d’antan. J’aurais même presque tendance à dire que ce lecteur va encore plus loin que le CD Classic 3 et égale le CD 2, toutes versions confondues. Ceux qui connaissent ces lecteurs CD savent à quoi je fais allusion.
La délicatesse fait également partie du cahier des charges du concepteur. A ce titre, il va de soi que ce lecteur ne déroge pas à la règle « maison » en matière de fluidité. Oublier cette caractéristique eut été un crime de lèse majesté. Rassurez vous, une attention spéciale a été portée à la réalisation des étages de sortie de ce lecteur pour garantir une musicalité libre de toute déformation ou autres formes de caricatures. Ainsi, la fluidité – une constante du savoir faire historique du concepteur – ne fait jamais défaut. Elle s’illustre par un enchaînement méthodique des notes qui s’affranchissent de toutes contraintes d’une part, et se conjugue assurément avec une rapidité d’exécution qui ne se dément à aucun moment d’autre part.
Léger et aérien l’ensemble de cordes qui agrémente » l’Aria » de Jean-Sébastien Bach, direction Karl Richter, prouve que cette nouvelle mouture YBA sait « soigner » la partition avec des égards inhabituels ; une bienveillance destinées à nous faire goûter à l’excellence de cette transcription, et une gestion des harmoniques à l’éloquence tout à fait remarquable.
Chaque pupitre est immédiatement identifiable : violons, altos, violoncelles, contrebasses, sont détourés avec soin, et laissent la place qui convient au jeu de clavecin qui accompagne l’ensemble avec un raffinement pas si souvent rencontré.
Par l’écoute de l’extrait » Minor Waltz » de Laurent Korcia, j’ai souhaité vous faire partager mes impressions et mettre en valeur la justesse d’un jeu de violon magistralement mené par le virtuose. Le style épuré de l’interprétation nous permet de « déguster » les vibratos provoqués par l’agile doigté du musicien lorsque celui-ci plaque les accords sur le manche de son instrument. Le contact de l’archet sur les cordes du violon démontre que le grain et la matérialisation sont loin d’être artificiels : c’est l’authenticité qui prime ici.
Le filé du violon de Laurent Korcia est toujours soyeux, même lorsqu’il file haut. Il demeure très contrôlé, jamais acide, et s’accorde à délivrer une teinte toujours naturelle. Dépourvu de toute forme de dureté, ce violon ne sonne pas uniquement juste, il sonne « vrai » !
Scène sonore :
La configuration « double mono » de l’alimentation, dont l’étage de sortie bénéficie, joue un rôle déterminant dans le comportement de ce nouveau lecteur en matière de spatialisation et de construction de l’image sonore. On sent réellement que le concepteur a une expertise hors norme en la matière. Par rapport aux anciennes moutures Classic et Passion qui faisaient appel (selon les modèles) à des alimentations externes, YBA a réussi un tour de force en implantant au sein du même châssis les éléments nécessaires pour donner ce caractère débordant de vitalité. La conception et la réalisation méticuleuse nous font bénéficier d’une scène sonore qui ressemble un tant soit peu à quelque chose, proche de l’auditeur, aux fin de placer la musique au cœur de « l’évènement ».
L’organisation des plans se traduit par une scène sonore bien structurée : en effet, il est aisé de situer chaque pupitre et / ou chaque musicien ou groupe de musiciens au sein de la scène sonore. L’image, d’une impeccable stabilité contribue à identifier sans effort chacun des plans ainsi que chaque contraste.
De la » Folia » de » La Spagna » de Gregorio Paniagua » à la suite Suite symphonique Op. 60 » Lieutenant Kué » de Serge Prokofiev dirigée par Yuri Simonov, en passant par différents extraits consignés sur CD test NAIM Sampler N° 6, l’auditeur aura toujours le sentiment de pouvoir suivre avec discernement le jeu et le suivi mélodique de tous les instrument sans faire d’effort particulier pour essayer de percevoir la moindre petite nuance. Avec ce comportement exemplaire, tout devient évident, limpide, et facile à entendre, à écouter. L’aspect panoramique facilite grandement la mise en scène générale et contribue à authentifier sans peine les instruments de premiers, de second, ou de troisième plan.
Force de la nature est une expression qui me semble bien convenir au tempérament dynamique dont fait assurément preuve le GENESIS CD 4. Loin d’être démonstratif à outrance, ce lecteur exécute « normalement » son travail ou, en tout cas, respecte à la lettre la prise de son originale.
Sur des extraits aussi variés que ceux qui figurent sur la » Silk Road Suite » de Kitaro mise en orchestration par Paul Buckmaster, on comprend vite que le CD 4 sait passer d’une musique légère, planante, à des passages plus vifs avec une agilité fantastique, qui définissent ainsi sa personnalité bien « trempée » et sa réactivité à toutes épreuves. Croyez le ou non, mais je n’ai pas réussi à prendre ce lecteur en défaut.
Rigoureux sur tous les points, mais pas « rigide » pour autant, ce nouveau lecteur est une sorte de caméléon musical dans la mesure où il s’adapte aisément à tous les styles musicaux par sa neutralité, sa présence, sa force de persuasion, et une linéarité qui ne m’a pas échappé.
Réactivité – rigueur : ce lecteur a réussi la difficile épreuve que je lui ai infligée lors de l’écoute de l’extrait » Hornpipe – Water Music » de Haendel. En effet le test consistait à voir comment réagissait le lecteur sur un l’ensemble de cors de chasse – originalité de cette œuvre musicale. Le CD 4 s’en est sorti à merveille et a reproduit admirablement, sans aucune forme de distorsion, cet ensemble d’instruments, là où d’autres lecteurs CD – et pas forcément de gamme inférieure – ont lamentablement échoué ! Toute forme de crispation a été simplement bannie du « discours » et la couleur des instruments a été fidèlement respectée.
J’ai aussi souhaité pousser le test un peu plus loin en utilisant l’extrait musical » Valéria » interprétée par le Modern Jazz Quartet. Dans cet extrait, il est question du comportement plutôt « sournois » d’un vibraphone complexe à reproduire, et qui se met parfois à distordre lorsqu’un élément du système audio est inapte à « digérer » les écarts de modulation ou les « sautes d’humeur » de certaines fréquences.
Avec le CD 4, tout se passe avec une logique imparable, sans heurts, sans « contraintes auditives » , et sans la moindre confusion. L’instrument prend alors des couleurs souhaitées – et quelles couleurs : mille teintes émanent de l’instrument avec une splendide harmonie. Les fréquences et vibrations propres à l’instrument se succèdent avec beaucoup de tenue et une belle limpidité. Cette écoute affiche une grande classe. La très grande justesse jumelée à la réactivité n’appartiennent d’ailleurs pas exclusivement au vibraphone, on les retrouve aussi sur le tempo et le rythme soutenu de la contrebasse et du piano, reflétant bien le charisme et la rigueur avec les quelles ce lecteur a été conçu.
Un contact « instantané » ou tout simplement une sorte de complicité s’instaure entre l’auditeur, les interprètes et la musique elle-même. Le lecteur GENESIS CD 4 a cette faculté d’établir un « lien de confiance » permettant à l’auditeur de baigner dans une ambiance musicale très agréable, de goûter aux joies d’une grande interprétation, de partager des moments de bonheur intense avec les musiciens.
Il semblerait que ce lecteur ait aussi pour vocation de « promouvoir » le talent de ces musiciens. En effet, le CD 4 s’y entend à merveille pour reproduire, non pas uniquement, le son du piano de Mikhail Pletnev lorsque celui-ci exerce délicatement son doigté prestigieux sur la » Sonate Kk.87 » de Scarlatti. Je crois que c’est bien plus que cela : avec cette interprétation, j’ai eu le sentiment de vivre un moment magique. En écoutant attentivement cette œuvre, j’ai pris conscience que les notes de piano prenaient alors une signification précise. Chaque attaque était savamment dosée avec une délicatesse tout à fait singulière qui aboutit à cette conclusion : c’était réellement de la musique que j’écoutais avant tout, et non plus un système audio. Fort de ce constat, je dirais que le CD 4 s’adresse davantage aux mélomanes qu’aux audiophiles.
Parmi les moments les plus exquis passés en compagnie de ce lecteur, je citerais volontiers les quelques extraits de l’album d’Omar Faruk Tekbilek » Dance Intro Internity « . La sensation de bonheur ressentie est alors à son comble tant ce lecteur met l’accent sur les moindres inflexions de la flûte aux couleurs inouïes et variations infinies.
Son interprète s’emploie à faire chanter l’instrument grâce à son mouvement de lèvres sur le bec de l’instrument et un souffle méticuleusement dosé auxquels s’ajoutent une extrême application du doigté destiné à en délivrer la plus petite variation : frissons et grandes sensations garantis. Cette musique, pour le moins exotique, a la particularité de « toucher » l’auditeur, mais les musiciens s’évertuent à vous communiquer leur passion et leur concentration à un point tel que vous ne pouvez imaginer. Il est donc impossible de rester insensible à la précision et à l’agilité du doigté du joueur de oud qui s’implique totalement pour faire « vibrer » chaque corde de son instrument avec un immense talent. La mélodie prend alors des tonalités mélodieuses d’un effet saisissant dont les plus sensibles d’entre nous reconnaîtront le sens artistique profond de cette musique orientale. A leur tour, les diverses percussions viennent en « soutien » et se distinguent par leur matérialisation et leur authenticité. Elles jouent leur rôle pour rendre la musique particulièrement attrayante, et contribuent à établir le lien entre l’auditeur et les interprètes – une sensation très agréable qu’il convient de souligner. Par cette description, il ne vous a pas échappé que le CD 4 sait extraire absolument tous les « ingrédients » contenus sur l’enregistrement.
Le « clou du spectacle » passe par la Suite symphonique Op. 60 » Lieutenant Kué » de Serge Prokofiev dirigée par Yuri Simonov. Cette œuvre me sert régulièrement de référence pour tester des produits de haut de gamme, dans la mesure où la prise de son et le mixage sont réalisés avec un grand professionnalisme.
Par ailleurs, cette œuvre comporte des passages complexes, mais les musiciens du Royal Philarmonic Orchestra sous la direction de Yuri Simonov s’appliquent de façon à vous faire partager de manière totale les qualités de cette œuvre magistralement interprétée. Leur talent peut s’apprécier notamment par leur pouvoir de communication, relayé pour la circonstance par le nouveau lecteur YBA.
Quitte à me répéter, avec ce nouveau lecteur CD, je peux affirmer sans grossir le trait que l’auditeur est en « prise directe » avec les musiciens, l’œuvre, et pour tout dire avec le compositeur. D’un bout à l’autre de cette composition, je me suis senti totalement « transporté » vers une sorte d’univers (musical) parallèle. Il est vrai que dès les premières mesures de l’ensemble de violoncelles, le « ton » est donné. Nous percevons nettement une étendue de notes qui s’enchevêtrent et se succèdent avec une grâce et une très belle onctuosité. Les cordes ont la texture boisée attendue, l’étoffe, le corps et d’une authenticité incroyable. Les vibratos liés à chacun des accords sont simplement superbes : ils intensifient la présence des instruments dans la pièce d’écoute.
Et ce n’est pas tout : le groupe de violons et son délicieux filé complète la ligne mélodique en se superposant astucieusement en surimpression. Cela forme un contraste et une image tridimensionnelle fascinants. Le moment d’émotion arrive à son apogée lorsque le glockenspiel (carillon d’orchestre) vient vous murmurer habillement à l’oreille (il n’y a pas d’autres terme) son doux tintement. Une série d’arpèges de harpe subtilement « distillés » viennent enrichir la transcription avec une légèreté et un brio qui procurent des moments incommensurables de joie intense. Le basson et le hautbois s’illustrent par leur tonalité « boisée » d’un réalisme bluffant. On entend très clairement le mouvement des lèvres sur l’anche de chaque instrument ainsi que les jeux de clefs, très nettement perceptibles, et qui n’échapperont certainement pas à une oreille attentive. Ce lecteur CD apporte réellement une bouffée d’oxygène à cette interprétation qui ne manque d’ailleurs pas de prestige.
Conclusion :
Une fois encore, YBA a fait très fort avec ce tout nouveau lecteur CD qui vient enrichir la gamme GENESIS. Très attendue, cette source est une révélation : elle a absolument toutes les qualités requises pour offrir le meilleur de la musique. Ses facultés d’analyse associées à l’extrême justesse de ses timbres et à sa dynamique vous permettront de tirer le meilleur parti de vos meilleurs CD. Le CD 4 délivre une « sonorité » toujours naturelle qui lui permet de vous faire bénéficier d’une musique authentique qui va très loin. Une fois encore, YBA a fait très fort et ce lecteur montre que le CD traditionnel a encore quelque chose à dire.
Synthèse : | Musicalité : réaliste Appréciation personnelle : ravi Rapport musicalité – prix : exceptionnel |
Prix : 3290 € (06/2015)
Test d’écoute réalisé par
Lionel Schmitt