L’édito de Lionel
Numérique / analogique : la confrontation
A l’heure où les supports numériques et notamment dématérialisés connaissant un succès retentissant, mais aussi à l’heure où le vinyle semble reprendre la place qui lui revient, resurgissent des vielles querelles ou oppositions entre les deux supports.
Ce vieux débat a déjà eu lieu il y a maintenant plus de 30 ans lorsque le CD a fait son apparition. Relancer le débat est une chose, opposer les deux technologies en est une autre et, à mon avis, il est totalement absurde.
En son temps, les détracteurs du CD avaient trouvé au travers de ce support bien des avantages : compacité et souplesse d’utilisation, usure réduite à néant, conservation dans le temps, musicalité accrue avec une dynamique, une séparation des canaux, une réduction du bruit de fond, etc… sans commune mesure avec son ancêtre le disque vinyle. A l’inverse, les farouches partisans du disque noir, en dépit des avantages cités ci-avant, trouvaient que ce support apportait d’autres choses : une sorte de magie qui aboutissait alors à musicalité plus naturelle (moins « synthétique ») et une présentation en album plus agréable à « manipuler ».
Les évolutions technologiques, l’investissement, les parts de marché entrant en ligne de compte, le CD a fini par s’imposer pendant deux décennies. Et puis, les temps ont changé et comme par enchantement, le disque vinyle refait surface et le CD commence petit à petit à se marginaliser, laissant désormais la place aux supports dématérialisés.
Le dématérialisé « marche-t-il » réellement sur les plates-bandes du disque vinyle ? ce n’est pas prouvé. Nous convenons sans restriction qu’avec les formats haute résolution et les progrès technologiques, les supports dématérialisés apportent un supplément d’informations qu’il serait peu objectif d’ignorer. Les concepteurs de Dac, lecteurs réseau, etc… ont su développer des « machines » réellement très performantes et diablement musicales permettant d’exploiter et reproduire fidèlement les enregistrements dits « natifs ». Le support vinyle, quant à lui, reste relativement limité même si les enregistrements sont issus de « technique » dernière génération. La vitesse de 33 tr/m et la norme RIAA ne permettent évidemment pas d’obtenir sur le papier des performances égales ou supérieures aux formats dits numériques. Cependant, il apparaît que les concepteurs de platines vinyles, de cellules phonocaptrices, de préamplificateurs phono n’ont pas ménagé leurs efforts pour permettre d’extraire beaucoup de substance de ce support « matérialisé » qui reste bigrement d’actualité sur le plan purement musical et émotionnel.
Fort de ce qui précède, je ne crois pas utile d’opposer le disque vinyle aux supports numériques. Je ne parlerais même pas de supériorité d’une par rapport à l’autre. Beaucoup d’utilisateurs adhèrent aux supports dématérialisés mais bon nombre d’entre eux « travaillent » avec des éléments audio qui ne sont pas du tout à niveau; quel intérêt en dehors de la souplesse d’utilisation. A ce titre, une enceinte dite connectée peut-elle se substituer à un ensemble hifi bien « composé ». Côté vinyle, nous sommes parfois sur la même trajectoire : un grand nombre de fabricants propose des platines vinyles bon marché munies d’un préamplificateur phono de conception (avec parfois une interface analogique / numérique) assez rudimentaire qui ne permet absolument pas de goûter aux réelles joies et sensations procurées par un disque vinyle bien enregistrée et bien pressé.
En conclusion, je crois qu’il n’est pas raisonnable de mettre en « concurrence » ces deux types de supports musicaux, qui, peuvent être quelque part être complémentaires et, l’un comme l’autre, répondre aux attentes de chacun d’entre nous. Je pense que chacun trouvera son compte et son émerveillement personnel en fonction de ses attentes et exigences personnelles.
Cela dit, le disque vinyle et les maillons en charge de reproduire son contenu réservent souvent de belles surprises. Ces surprises pourront alors se matérialiser par des moments intenses de bonheur musical, pour peu que nous soyons attentifs au choix des éléments audio.
Peu importe le « support », ne croyez-vous pas que seule la beauté musicale devrait l’emporter ?