Bien décidé à passer au peigne fin toute la gamme du constructeur français, j’ai pu bénéficier cette année de la dernière mouture du modèle AURA.
Cette référence traduit bien l’investissement en temps et la patience consacrée par le concepteur pour réaliser un câble de très haut de gamme, destiné à relier des électroniques et enceintes acoustiques qui ne le sont pas moins. L’assemblage est impeccablement réalisé et ESPRIT n’a pas lésiné sur les composants choisis avec soin. Les conducteurs sont en cuivre pur désoxygéné rassemblant pas moins de 1680 brins. La structure du tors est de type asymétrique, tout comme le traitement diélectrique sur air polarisé par un système à piles au lithium. Le blindage utilise des procédés spéciaux mis au point à l’écoute, et on retiendra que l’astucieux dispositif d’écran partiel sur air et verre a une influence significative sur le » silence » de fonctionnement et donc la musicalité.
Enfin, les fiches bananes en cuivre pur plaqué avec 40 microns d’argent assurent un contact optimal. Ces fiches sont redoutablement efficaces si l’on considère la tenue dans le temps (oxydation).
Conditions d’écoute :
Ce câble a été utilisé dans le cadre de nombreux tests avec les amplificateurs AUDIOMAT Arpège Référence 10, YBA Passion IA 350, AIR TIGHT ATM – 1S, le couple CLASSE AUDIO CP 800 Mk2 & CA 2300, ainsi qu’avec la Ligne Classic 3 Delta YBA, en reliant ces électroniques aux enceintes PEL Kantor (avec Rendistors) et B & W 802 Diamond. Sources : lecteur CD YBA Passion 430, YBA Classic Player 3, ESOTERIC K-07. Câbles de modulation : ESPRIT Kappa et Aura.
CD utilisés :
CD test NAIM Sampler N° 6 – Celtic Spectacular par Erich Kunzel – Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – The Singing Clarinet par Giora Feidman – etc …
Ecoute :
Eu égard à son tarif élevé, le modèle Aura est prédestiné à accompagner les électroniques et enceintes acoustiques de haut et de très haut de gamme. Aussi, je n’ai pas hésité à l’associer avec différents produits d’origine et de philosophie musicale différentes ; l’objectif étant de vérifier le comportement du câble lui-même et des éléments qui lui sont associés.
Bien entendu, il serait utopique de prétendre que ce câble rajoute des informations qui n’existent pas sur l’enregistrement. Il serait tout aussi faux de croire qu’il pourrait rendre plus musicale une électronique ou une paire d’enceintes quelque peu » coincées » ou déficientes. En définitive, avec ce genre de câble, nous n’en sommes plus tout à fait là et le traitement spécifique de l’Aura nous amène finalement à des conclusions simples. Néanmoins, passer de l’excellent modèle Kappa à l’Aura suscite quelques réflexions car le contraste est significatif.
En changeant le Kappa par le modèle Aura, on s’aperçoit immédiatement que le premier ne dit pas tout (et pourtant le Kappa est déjà très doué pour exhumer beaucoup d’informations).
Pour tout dire, le changement porte sur plusieurs éléments. Si la qualité des timbres est en tout point fidèle à celle du modèle Kappa, la texture s’enrichit et le gain en matière de finesse est immédiatement perceptible. Je pense que le » silence » de fonctionnement joue un grand rôle dans la mesure où l’isolation a été optimisée. Certaines » substances » musicales un peu restées dans l’ombre émergent tout à coup comme par enchantement : elles surgissent de surcroît avec une forme de pureté assez singulière. De fait, ESPRIT montre qu’avec des câbles bien pensés et surtout bien réalisés, un système audio expressif et qui revendique la transparence ne doit absolument pas être bridé. Sur ce chapitre, le concepteur a mis tout en œuvre pour rendre hommage aux électroniques et enceintes acoustiques à fort pouvoir d’expression.
Ensuite, le traitement du registre grave est effectué de manière à descendre réellement très bas tout en préservant une lisibilité et une stabilité imperturbables. Les registres médium et aigu assurent une musicalité pleine de délicatesse. J’ai noté que l’aigu file très haut avec un » air » soyeux fort appréciable sur les cordes et les cuivres en particulier.
Le grand pouvoir de l’Aura est aussi d’assurer l’équilibre tonal et de facto la neutralité aux fins de préserver l’harmonie générale de chaque maillon et de leur mariage entre eux. Sur aucune des configurations audio avec laquelle ce câble a été utilisé, je n’ai constaté un message sonore décharné ou dénaturé. Bien au contraire, on assiste à un respect scrupuleux de la nature des timbres, et un accompagnement permanent en matière de dynamique et d’ampleur de la scène sonore.
Par ailleurs, je tiens à souligner que l’Aura sait concilier transparence, détails, et fluidité, et je puis vous affirmer que tous les câbles HP n’ont pas forcément cette vertu. Dans pas mal de circonstances, nous assistons à une sorte de compromis qui vise à faire de » l’à peu près « … ici, ça n’est pas le cas.
Par ailleurs, ce câble facilite l’expression et permet au message musical de se libérer : la scène sonore prend alors une dimension qui donne l’avantage à la communication avec l’auditeur. Avec ce câble les instruments de musique deviennent plus » palpables » si on en juge par leur matérialisation et leur grain. C’est assez spectaculaire sur les percussions qui sont plus » pleines « , plus précises.
Outre les nombreux CD qui se sont succédés lors de ces tests, j’ai retenu comme référence le CD test NAIM Sambler N° 6 qui rassemble des extraits fabuleux, dont le » Remember The River » de Fred Simon dont chaque note de piano, chaque inflexion de la contrebasse, et la ligne mélodique du saxophone, d’une limpidité extraordinaire, vous » glaceront le dos « .
Le travail et la concentration du pianiste qui joue avec le pédalier ne laissent aucun doute sur la maîtrise de l’instrument par son interprète, et à cet effet on détecte à quel point les harmoniques apportent leur contribution au réalisme grâce au prolongement des vibrations de chacune des notes dans le temps et l’espace. La sonorité naturelle du saxophone prend un chemin semblable, et le jeu de contrebasse m’a littéralement bluffé par sa lisibilité, rarement rencontrée.
Au-delà de la » consistance » et du détourage de chaque instrument, se sont avant tout les facultés d’analyse complétées d’une transparence cristalline qui placent ce câble en tête des produits d’exception. Je me suis plu à entendre le cliquetis mécaniques des clefs du saxophone, ainsi que le touché du contrebassiste lorsque celui-ci pince ou au contraire effleure les corde de son instrument.
Conclusion :
Certes, le modèle AURA s’adresse à des systèmes d’exception. En outre, et je vous l’accorde son prix est élevé, toutefois son achat constitue un investissement sur le très long terme. L’Aura vous restituera la musique comme jamais vous ne l’avez entendu, sous l’extrême condition de respecter le sens de branchement.
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