Origine : France
Enceinte colonne 3 voies / 3 haut-parleurs
Charge : bass-reflex
Sensibilité : 91 dB
Impédance : 4-8 ohms
Réponse en fréquences : 45 Hz à 24 kHz (+/- 3 dB)
Fréquence de coupure : 400 & 4000 Hz
Puissance amplificateur maximale : 150 watts
Dimensions : ( H x L x P ) : 89 x 16 x 26 cm
Finition Nordik
Toute nouvelle au catalogue du constructeur Français DAVIS Acoustics, la série Krypton comprend trois modèles dont cette colonne Krypton 6 qui fait l’objet du présent banc d’essai.
La gamme KRYPTON se veut une gamme intermédiaire où les produits ne peuvent pas sortir sans des composants français qui interviennent dans la fabrication des haut-parleurs – c’est important – Les ébénisteries sont réalisées en Asie, à l’instar d’autres constructeurs français, allemands, britanniques, Américains, etc…
Pour la situer, la gamme Krypton dans son ensemble se positionne entre la série Balthus et la série Courbet. Cette gamme vise aussi à combler un trou dans le catalogue, mais pas que cela. L’idée est d’offrir à large public une gamme plus accessible, plus « tendance » visuellement et « universelle » du point de vue du son, sans rien sacrifier sur le plan acoustique et conserver un medium détaillé et défini, qui caractérise bien l’emprunte de la marque.
Finition Classik
Krypton 6 est une colonne fine et élancée de dimension moyenne qui pourra se fondre facilement dans le « paysage domestique ». Son piétement particulier lui permet d’avoir une ligne inclinée à la façon Courbet. L’ébénisterie de format classique adopte des bords arrondis pour réduire au minimum les effets de bord et délivrer une répartition spatiale optimale.
A l’instar des modèles de la gamme Courbet, chaque colonne de la série KRYPTON repose sur un socle solide qui incline légèrement l’enceinte vers l’arrière. En plus d’un effet esthétique particulièrement réussi, cet angle a aussi pour objectif d’aligner les bobines du tweeter et du médium dans l’axe vertical. Cet alignement assure une mise en phase idéale de ces deux transducteurs.
Cette nouvelle enceinte est une trois voies / trois haut-parleurs à charge bass-reflex. Pour la charge bass-reflex, le constructeur rompt avec la coutume de l’évent rond qui équipe un bon nombre de ses modèles. DAVIS a choisi un évent de type laminaire placé en bas de la face avant. Cette disposition est intéressante car elle évite toute forme d’ondes parasites ou effets de réflexion inhérents aux murs arrières.
Les haut-parleurs sont nouveaux. Ils ont été développés spécifiquement pour ce modèle. Krypton 6 est équipée d’un tweeter à dôme souple tissu imprégné large de 28 millimètres de diamètre à fort champ magnétique. Il est dérivé du modèle qui équipe les Balthus. Il comporte une chambre arrière, qui rend le dôme plus libre, et diminue ainsi la distorsion. Il se rapproche de celui qui équipe les enceintes de série Courbet. Il est entouré d’une mousse spécifique qui jugule toute forme d’effets de réflexion.
Les fréquences médium sont confiées à un haut-parleur à membrane Kevlar tressé et amorti d’un diamètre de 13 centimètres. Il a deux particularités : la première est la présence d’une ogive de dispersion en aluminium usiné pour favoriser les détails et l’ouverture, et la seconde est la couleur jaune ou noire du transducteur et de l’ogive selon les versions et finitions des ébénisteries. Il s’agit d’une petite coquetterie pas déplaisante du tout.
Le haut-parleur de grave, tout nouveau lui aussi, est un modèle de 13 centimètres de diamètre à membrane légère en pulpe de cellulose traitée à l’arrière pour les rendre un peu plus lourdes et bien plus rigides pour faciliter l’écoulement d’air. Ce haut-parleur est muni d’une bobine de 25 millimètres de diamètre. Le choix d’une bobine de petit diamètre a l’avantage d’avoir une capacité de réaction rapide.
La suspension en demi rouleau à grand débattement lui autorise une liberté de mouvement qui va dans le sens d’une reproduction rapide sur les fréquences graves.
Le coffret inspire le sérieux : il a été conçu pour assurer une rigidité à toutes épreuves (épreuves musicales, cela va sans dire). Il est renforcé par des cloisons internes qui assurent l’immunité contre les éventuels parasites d’origine vibratoire. Il repose sur un socle en bois qui donnera à l’enceinte un point d’inclinaison optimal. Cette plateforme pourra de surcroît recevoir seulement deux pointes à placer à l’avant du socle, qu’il est vivement conseillé d’insérer pour optimiser le découplage.
En amont des bornes HP, nous trouvons le filtre dont les éléments sont montés sur circuit imprimé, contrairement aux réalisations des gammes supérieures. Les inductances en série sont, avant tout, peu résistives (sur fer) pour conserver de la dynamique (surtout pour le grave). Le câblage interne utilisé est assez simple : cuivre OFC multibrins.
Deux borniers montés sur une plaque métallique équipent cette mouture. Ils autorisent tout type de connexion : fiches banane, fourches ou bien câbles dénudés de fortes sections.
Plusieurs finitions (Nordik, Classik, Technik) sont disponibles avec grilles assorties qui prennent place sur la face avant via des aimants. Je dois reconnaître que la finition Nordik qui a servi pour ce test est, sur le plan esthétique, absolument irrésistible.
Je remercie l’équipe Davis Acoustics d’avoir mis à ma disposition cette paire d’enceintes acoustiques pour une durée de 6 semaines et de m’avoir fourni les précisions techniques nécessaires que j’ai plaisir à partager avec vous à travers ce banc d’essai.
Ecoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec les éléments suivants :
– Préamplificateur phono MOON 310 LP Mk2,
– Platine vinyle REGA RP 8 & cellule REGA MC Ania,
– Lecteur CD YBA Classic Player 2,
– Magnétophone à bobines libre REVOX A77 Mk IV,
– Préamplificateur YBA Classic 3 Delta & bloc de puissance YBA 3 Delta / double transformateur 2 x 400VA,
– Amplificateur intégré YBA Genesis IA3A,
– Câbles de modulation ESPRIT Beta 8G 2019, YBA Glass, VAN DEN HUL the Orchid,
– Câbles HP ESPRIT Aura, ESPRIT Beta 8G 2019, YBA Diamond, MELODIKA Brown Sugar BSSC45.
Pour l’alimentation secteur : barrette FURUTECH F-TP 615 et ESPRIT Volta, câble secteur de tête G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Celesta & Eterna.
• CD sélectionnés : Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Meedle ~ PinkFloyd – Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – 11:11 ~ Rodrigo y Gabriela – Stereo Concert Series ~ Decca Phase 4 – Bach’s Music & Music of Nino Rota ~ Richard Galliano – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Barry Lindon ~ bande originale du film – La découverte ou l’ignorance ~ Tri Yann – Mozart par l’ensemble Zefiro ~ Direction Alfredo Bernardini – The Singing Clarinet ~ Giora Feidman – Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens – Swinging Safari ~ Bert Kaempfert – Le Son Plaisir ~ Onkyo CD test 1992 – Naim CD test Sampler N°6 – Sonates de Domenico Scarlatti ~ piano : Mikhail Pletnev – Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek – Jazz på svenska par Jan Johansson – Les Marquises ~ Jacques Brel – Le Vaisseau de Pierre ~ Tri Yann – Combo Capers ~ Bert Kaempfert – Double jeux ~ Laurent Korcia – Lully – l’orchestre du roi soleil ~ Concert des Nations – direction Jordi Savall, etc…
• Vinyles sélectionnés : Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – Soul Bossa Nova ~ Quincy Jones – Nameless & Stay Tuned ~ Dominique Fils-Aimé – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – The Secret of Climbing ~ Stephen Fearing – Barry Lindon ~ bande originale du film – La découverte ou l’ignorance ~ Tri Yann – Concertos Brandebourgeois N° 1,2,3 de Jean-Sébastien Bach ~ The English Chamber Orchestra ~ Direction Benjamen Britten – Workshop & Down Home ~ Chet Atkins – Shadow Hunter ~ Davy Spillane – « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli – The Complete ~ Mike Oldfield – Swinging Safari ~ Bert Kaempfert – Contrastes par Pachacamac – The Complete ~ Mike Oldfield – Shadow Hunter ~ Davy Spillane – Crucifixus ~ Jean-Christian Michel – Le Vaisseau de Pierre ~ Tri Yann – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach interprétée aux grandes orgues par Marie-Claire Alain – Quiet Nights ~ Diana Krall, etc…
Nature des timbres
Pour ceux qui connaissant les enceintes DAVIS Acoustics, Krypton 6 ne sonne pas comme les autres enceintes de la gamme Courbet. Krypton 6 semble incarner une approche nouvelle qui pourrait paraître déconcertante de prime abord. Attention : pas de conclusions hâtives, cette nouvelle enceinte acoustique délivre autre chose. Son tempérament différent l’autorise à s’associer avec des systèmes qui ont fâcheuse tendance à procurer une musicalité un peu trop chirurgicale (dans le mauvais sens du terme), voir rétablir un certain équilibre, tout subjectif qu’il puisse être.
Registres médium – aigu – transparence
• The Glory that was Gershwin / Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield (CD & vinyle)
Cet album dédié à George Gershwin est une excellente entrée en matière pour « étudier » les registres aigu et médium. Le registre aigu se distingue par une magnifique douceur et une consonance de type analogique. Ne nous méprenons pas : cette douceur, ne gomme en aucune façon les micro détails. A aucun moment, je n’ai constaté une reproduction terne. Les fréquences aiguës filent haut lorsque la musique l’exige. Les violons et la trompète sont d’une finesse que j’ai bien apprécié. C’est une musicalité veloutée qui fait le charme de cette enceinte acoustique.
Krypton 6 se concentre sur un registre médium riche en substance et en informations. Il forme un complément harmonieux avec les hautes fréquences : une « bénédiction » qui profite à ces pièces de Gershwin mises en scène avec beaucoup de subtilité. Le mélange de musique classique et de jazz est ici savoureux. Qu’il s’agisse de la version vinyle ou la version CD, nous découvrons les vertus de Krypton 6 en matière de transparence. Aussi, on se plaît à déguster la délicatesse des interventions de harpe, la magnifique reproduction de la flûte traversière, et les coups de cymbales ainsi que la sonorité étincelante du triangle. Tout cela se matérialise par une précision d’ensemble réellement satisfaisante.
Les vocaux sont à leur avantage : ils délivrent une belle « fraicheur » qui, associée à la transparence, ont fière allure et se montrent vraiment mélodieux. Grâce à ses incontestables capacités d’analyse, Krypton 6 nous fait bénéficier d’un « fruité » remarquable sur toutes ces pages musicales riches en nuances de toutes natures – et ça, c’est plutôt positif.
La musique prend des allures aériennes, montrant de véritables facultés à délier chaque phrase musicale pour leur donner une tonalité variée et une certaine classe. Même à fort niveau d’écoute, Krypton 6 s’emploie à délivrer des sonorités qui ne vous agressent jamais. Cette enceinte est facile à vivre et a une fibre musicale incontestable. Elle pourra se marier avec des électroniques neutres et même légèrement « montantes ». En revanche, il serait dommage de les associer avec des électroniques au tempérament bouché, de caractère modeste, comme on le rencontre souvent, ou encore des électroniques vintages notamment d’origine Japonaise d’un autre temps.
Registre Grave
• Meedle ~ Pink Floyd (CD)
Sur les fréquences graves, Krypton 6 se « tient » assez bien. A titre personnel, j’aurais souhaité qu’elle explore un peu plus les soubassements sur certains passages musicaux. Sur One of these Days de Pink Floyd, cette mouture DAVIS de dernière génération remplit honorablement son contrat sans toutefois pousser la basse de Roger Waters dans ses ultimes retranchements.
Soyons clairs, Krypton 6 n’a pas pour vocation de faire trembler murs et plafonds. Cependant, revers de la médaille, ce registre grave a bien d’autres atouts. Si l’on reprend l’exemple de la guitare basse, on sera agréablement surpris par sa définition, sa précision, le suivi des notes qui laissent libre cours à une analyse d’ensemble de bon ton que l’on perçoit sans nécessité de tendre l’oreille ou de pousser le volume sonore.
La grosse caisse de la batterie a aussi une étoffe non négligeable. Cette DAVIS Acoustics de dernière génération délivre un bas médium / grave ferme, tendu, bien matérialisé. Les impacts du marteau sur la peau de la grosse caisse est plutôt pertinent. Le « volume » sonore qui en découle est suffisamment significatif pour suggérer une expression pleine et charnue. Sur ce point, je me porte garant de la prestance de Krypton 6.
Capacités de réaction
• Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida (CD)
Pour ce qui a trait à la rapidité d’exécution, je ne peux pas affirmer que cette enceinte acoustique soit la référence absolue. De là à conclure qu’elle n’est pas réactive, il y a tout de même une marge.
Ce qui est certain est que Krypton 6 ne joue pas forcément dans le démonstratif. D’ailleurs, ce n’est pas sa vocation première. Même si, incontestablement, elle soutient la cadence, je la trouve légèrement introvertie ou un peu lente sur les accélérations notamment sur le difficile jeu de vibraphone de Valéria interprété par le Modern Jazz Quartet. Les brusques changements de tonalités sont appréhendés avec une réponse – disons plus modérée – que celle rencontrée avec la Courbet N°4 du même constructeur.
Le jeu de piano et la contrebasse sont assez conformes à ce que l’on peut attendre, avec une rythmique soutenue qui rend l’écoute vivante, sans en faire plus que de raison. Sur la base de ces constats, il est préconisé d’avoir recours à des électroniques qui se distingue par leur rapidité afin de libérer le message sonore et garantir la vigueur d’une musicalité vigoureuse.
Attention toutefois, ne nous trompons pas. Krypton 6 n’est pas une enceinte acoustique molle pour autant. Je lui reconnais une vivacité que d’autres modèles d’origines différentes pourraient bien lui envier. Aussi, elle sait répondre à un grand nombre de sollicitations, tous styles de musiques confondus qui se traduisent au final par une véritable « promenade de santé ».
Fluidité
• Soul Bossa Nova ~ Quincy Jones (vinyle)
De nature plutôt souple, cette enceinte acoustique met l’accent sur la fluidité du message sonore. De fait le confort d’écoute est grandement appréciable sur de la musique de jazz. Soul Bossa Nova de Quincy Jones dans cette réédition vinyle illustre bien l’état d’esprit dans lequel évolue Krypton 6.
Si l’enregistrement et le pressage original peuvent, sur certains passages, revêtir une certaine dureté, dans ce test d’écoute, ils ne reflètent pas du tout cette une texture incisive ou sèche. Cette enceinte a plutôt tendance à lisser le message sonore des cuivres. Il en découle une bonne fluidité qui sied fort bien à la trompète bouchée et à la trompète tout court.
Krypton 6 restitue une sonorité « cuivrée » se traduisant par une texture rutilante qui se traduit par à une justesse des timbres appréciable. Le trombone à coulisse, le saxophone, et la trompète ont cette « patine à l’ancienne » qui colle bien avec la teinte sonore originale de ces instruments de musique. De surcroît, les notes s’enchaînent sans accrocs, sans faux pli : le déroulé nous permet alors de prendre sans détours avec la formation orchestral de Quincy Jones. Outre les coups de cymbales fins et précis, on en appréciera d’autant plus leur évolution dans le temps et l’espace.
Rigueur
• 11:11 ~ Rodrigo y Gabriela (CD)
Question rigueur, Krypton 6 est conforme aux autres productions DAVIS Acoustics. Cette enceinte affiche une précision redoutable. Avec elle, nous pourrons découvrir le talent et l’ingéniosité de Rodrigo y Gabriela qui s’emploie à faire pétiller sa guitare. Au fil des écoutes, j’ai constaté qu’il faisait bon vivre avec cette colonne qui ne faillira jamais sur la rigueur de ses prestations.
Quelques effets spéciaux garnissent le paysage sonore : ils sont parfaitement perceptibles au point de se rendre absolument compte qu’il s’agit d’une coquetterie du preneur de son. Cela dit, le message sonore n’est jamais flou; au contraire la rigueur se concrétise par un bon détourage des notes de guitare. Chez Krypton 6, cette forme d’exactitude est cette absence de sècheresse, de sonorité « aseptisée », trop criarde. Rien ne dépasse du cadre de l’enregistrement : la reproduction est nette, sans bavure, et loin de revêtir un caractère aléatoire. Cette enceinte acoustique va finalement droit au but – un point commun qu’elle a avec la gamme Courbet et Nikita 3.0.
Espace et scène sonores
• Stereo Concert Series ~ Decca Phase 4 (CD)
L’excellente surprise nous vient de la scène sonore. Celle-ci prend une extension en largeur impressionnante. Les « grandes orchestrations » de ce coffret Stéréo Concert Series édité par Decca dans la série Phase 4 sont reproduits avec une image holographique.
Par ailleurs, nous sentons que le principe de charge par évent laminaire complété par le principe mise en phase des haut-parleurs par inclinaison de l’enceinte jouent pleinement leur rôle en matière d’étagement des plans. Il est plaisant de pouvoir faire la distinction entre les pupitres, les instruments de premier plan, telles que l’ensemble de contrebasses, de ceux de second plan comme les violons et violoncelles de la Toccata & Fugue de Jean-Sébastien Bach arrangée et dirigée par Léopold Stokowski.
L’organisation de la scène sonore nous donne accès à de magnifiques effets stéréophoniques ainsi qu’aux informations qui « transitent » par le centre de l’espace sonore. L’agencement est très réussi : nous bénéficions non seulement d’une vue panoramique sur les différents orchestres, mais aussi d’une reproduction aérée, détachée, qui laisse beaucoup de place aux instruments plus discrets tels que le triangle, la flûte traversière ou quelques notes de harpe.
Krypton 6 délivre une image stable, en tous cas, bien campée. Elle joue aussi astucieusement avec les contrastes permettant de bénéficier distinctement des prestations de chaque groupe d’instruments, de chaque instrument soliste. Tout cela est clairement identifié. La spatialisation est remarquable : quelque soit le volume orchestral, la musique est toujours aérée, en phase permanente « d’aspiration / expiration ».
Séquence plaisir & émotion – sens de l’expression
• Nameless ~ Dominique Fils-Aimé (vinyle 30 cm / 45 tr/m)
Comme évoqué ci-avant, Krypton 6 se distingue par sa douceur, sa fluidité, et son velouté. Avec de telles caractéristiques, il serait bien étonnant que cette enceinte ne puisse pas donner aux vocaux une reproduction naturelle et emprunte d’une authenticité.
La dernière « trouvaille » de DAVIS Acoustics est, sur ce point, une belle référence lorsqu’il s’agit de mettre en valeur les plus belles interprétations vocales telles que Nameless de Dominique Fils-Aimé.
On retrouve beaucoup de chaleur, d’humanité sur Birds et un supplément d’âme à verser au crédit de cette petite colonne qui sait chanter pour le plaisir de ceux qui recherche de la vie dans l’expression vocale. La diction de l’interprète ne fait l’objet d’aucune critique. Elle se montre juste, communicative et prenante. Pour ce qui a trait à l’émotion, Krypton 6 s’y entend pour vous faire partager de beaux moments de bonheur. Krypton 6 travaille sur le dialogue qui s’établit entre l’interprète et l’auditoire. Vous oubliez les caricatures : le message musical et plus particulièrement les vocaux sont reproduits de manière naturelle et sincère. Pas de sifflements sur les « S » : les phrases sont lissées, avec cette matité qui correspond fort bien à la nature de la voix.
• Bach’s Music & Music of Nino Rota ~ Richard Galliano (CD)
L’écoute de ces deux CD m’a laissé une forte impression. Bien qu’issus de répertoires fort différents, le maître de l’accordéon s’emploie à donner son instrument de prédilection ses lettres de noblesse. Le CD dédié aux musiques de films de Nino Rota repris en version jazz avec une section de cuivres étincelants est exquis. La présence de la formation dans la pièce d’écoute est renversante. La musique bouge, elle est vivante et la reproduction regorge de nuances dont celles issues de l’instrument lui-même. Absolument magique, ce bruit mécanique des touches de l’instrument qui ponctue le rythme. Il faut dire que l’accordéoniste s’accorde avec tous les styles de musiques et, dans le fond, Krypton 6 aussi.
Par ailleurs, il y a une certaine joie de vivre sur cet album dédié aux œuvres de Jean-Sébastien Bach. Cette fois, Richard Galliano ne se refuse rien en allant flirter avec le répertoire du Maître. Accompagné d’un quatuor à cordes de haut vol, l’accordéon ou le bandonéon se substituent au violon, violoncelle ou à la flûte traversière d’origine. Secondé par les colonnes Krypton 6, le Maître du piano à bretelles s’applique à faire chanter la partition, au demeurant respectée à la note et à la mesure près. Nous assistons à un spectacle prodigieux de haute « tenue », d’autant que la prise de son et le mixage sont extrêmement bien réalisés.
Grâce à ces enceintes, j’ai bien senti l’application et l’implication des différents intervenants; leur concentration sur la partition, là où d’autres enceintes acoustiques laissent parfois un peu de côté l’essentiel. Je puis vous assure que toute l’âme de la musique de Bach se ressent fort bien, même si l’interprétation est moins conventionnelle que de coutume.
Outre le souffle de l’accordéon, il est impossible de passer à côté du grain de la contrebasse, du violon, du violoncelle. Il se dégage de ces pages un parfum de sincérité musicale qui s’appuie sur le caractère propre de Krypton 6. Le pizzicato du violon sur le Concerto pour clavecin BWV 1056 est reproduit avec une forme de perfectionnisme assez peu commun dans cette catégorie d’enceintes; le touché des doigts sur les cordes de l’instrument ainsi que les harmoniques laissent perplexes et pourtant, ils se montrent en tous points d’une rare éloquence.
• La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua (vinyle & CD)
Si je vous disais que la Folia de la Spagna est ici admirable, me croirez-vous ? L’écoute en mode vinyle ou en mode CD m’a procuré un véritable coup de cœur. Krypton 6 ne passe absolument rien sous silence du contenu de cet enregistrement. Certains passages en deviennent même bouleversants tant la reproduction atteint une forme de pureté pas si souvent rencontrée sur des enceintes acoustiques de cette catégorie et de ce prix.
Krypton 6 fait preuve d’une ouverture remarquable qui m’a permis de cerner immédiatement tous les détails qui attirent l’attention et même ceux qui, parfois, passent à la trappe ou se montrent d’une discrétion de violette.
Krypton 6 s’y entend à merveille pour faire résonner le clavecin, et donner une saveur particulière aux flûtes baroques. La pureté, la sonorité boisée, l’authenticité résument bien la philosophie musicale de cette colonne. La sonorité si particulière du cromorne brille par sa teinte nasillarde absolument fidèle à celle de l’instrument écouté en direct – et c’est bien en connaissance de cause que je suis souhaité mettre en lumière cette particularité.
J’ai aussi beaucoup apprécié la tonalité des multiples percussions qui illustrent certains extraits. Elles montrent bien les capacités de cette enceinte acoustique à délivrer des teintes colorées et nuancées. La richesse du message sonore est une sorte de savante alchimie d’analyse et de douceur. Krypton 6 rend l’écoute détendue, confortable, équilibrée, cohérente et homogène sur l’ensemble du spectre audible. Krypton 6 fait preuve d’une notion d’ouverture qui marque sa différence avec la série Balthus et s’approche de celle de la série Courbet.
Cette enceinte acoustique incarne une forme d’épanouissement musical. Elle va bien dans le sens de l’expression et de la communication avec l’auditeur. Dit autrement : quelque soient nos exigences en matière de reproduction, nous pouvons compter sur cette enceinte pour bénéficier de beaux moments d’émotion avec tous les styles de musiques; la Folia de la Spagna de Gregorio Paniagua en est un exemple significatif. Krypton 6 tient ses promesses si l’on considère le panache de ces pièces musicales qui font réellement chaud au cœur.
Conclusion :
Avec Krypton 6, je vous assure que le plaisir musical est au rendez-vous. On lui passera volontiers son côté parfois légèrement introverti, qui, peut-être au demeurant être compensé avec un amplificateur un peu plus dynamique. Loin de délivrer une musicalité monotone ou monocorde, cette enceinte offre une reproduction musicale concentrée sur le milieu du spectre qui fournit un très grand nombre d’informations. Cette enceinte se distingue également par une scène sonore ample et généreuse. Krypton 6 est une enceinte acoustique réussie qui a un énorme mérite : celui d’être attachante. A découvrir au plus vite.
Prix : 1500 € la paire (06/2021)