2024 : une année morose pour la haute-fidélité
L’année 2024 vient de s’achever et, le moins que l’on puisse dire, est qu’elle n’a pas été florissante en France, comme en Europe et même sur les cinq continents.
Depuis 2020, année du Covid, les choses ont bien changé. Certes, le matériel haute-fidélité est un « bien » secondaire. Il incarne avant tout une forme de loisir à laquelle, beaucoup semblent devoir renoncer – au moins temporairement, voir définitivement.
L’instabilité politique, économique, en France, en Europe et géopolitique mondiale a nécessairement des répercussions sur ce secteur d’activité. Par ailleurs, les rapprochements, cessions d’entreprises, de marques et l’arrêt de certaines activités de production audio se multiplient. De plus, depuis 2020, nous assistons à une explosion des tarifs. Ces hausses sont à corréler avec celles des matières premières (aluminium, cuivre), des composants électroniques et on peut multiplier les exemples.
En France, avec la baisse du pouvoir d’achat sur fond d’incertitudes politiques, économiques, de géopolitique, on ne peut que constater un « retard à l’allumage » sur les ventes de produits neufs. Encore que, il apparaîtrait que les produits très haut de gamme trouvent assez facilement preneur, ce qui reste à démontrer.
On peut dès lors se poser la question de savoir où se situe le « gras » du marché. Les habitudes de consommations se sont modifiées, les générations qui écoutent de la musique évoluent également. Pour l’exemple et un budget limité, les jeunes vont aller chercher du côté des produits nomades et connectés, pour pouvoir écouter de la musique partout, délaissant ou ne connaissant tout simplement pas les références audiophiles. C’est souple, simple d’utilisation et c’est gratuit. D’autres, misent sur des produits d’occasion / vintage, après tout, pourquoi pas !
De leur côté les manufacturiers du monde entier ne cessent chaque année de dévoiler des nouveautés que j’essaie de relayer à travers la rubrique « Actualités ». Rien n’y fait, le reflux des ventes de l’année 2024 en France est confirmé, voir catastrophique. Les magasins spécialisés et les importateurs font remonter cette information – sans compter ceux qui baissent définitivement le rideau.
A y regarder d’un peu plus près, la montée des prix n’est pas seulement justifiée par la hausse des composants et de la main-d’œuvre. Lorsque je regarde en profondeur les nouveaux produits, bon nombre d’entre eux ne sont, en définitive pas, plus innovants que cela. Changer une puce, un bout de cuivre ou un condensateur n’a qu’un impact limité sur le coût de production. En tout cas, les récents millésimes ne justifient pas réellement un surcroît de tarifs. Le changement de présentation, de carrosserie censées attirer audiophiles passionnés ou intéresser le néophyte ne s’opèrent pas.
Et pourtant, certains manufacturiers mettent tout leur savoir-faire aux fins de créer des produits qui sonnent toujours mieux. Mais, cela ne se voit pas forcément. Les mêmes n’ont évidemment pas d’immenses budgets à consacrer à la communication et à la « promotion » de leur nouveautés dans un environnement hyper « saturé ».
Par ailleurs, depuis 2020, les habitudes de consommation ont évolué. Outre les produits nomades et connectés, les audiophiles et mélomanes avaient plaisir à se rendre en auditorium pour consacrer une heure ou plusieurs à écouter des « beaux » systèmes avec, à la clef, des conseils avisés. Aujourd’hui, on s’informe sur les forums et réseaux sociaux et on achète sur les sites de vente en ligne. Pire encore, on se rend en auditorium pour éventuellement écouter ou demander un conseil et on achète sur ses sites qui pratiquent des décotes « généreuses ». Pour la démarche, chacun fait comme il veut après tout !
Enfin, pour terminer, je suis effaré devant le nombre de nouvelles marques que je découvre chaque année et que je vous fais partager. A la clef : des éléments chers et pas forcément performants et musicaux. Paradoxalement, plus on monte en gamme, plus l’offre est étoffée. Même si ça n’est pas lié directement à la morosité du marché, il y a tout de même de quoi « refroidir » le chaland et semer le doute dans son esprit.
Que comprendre ? si le prix est le premier élément d’hésitation et même de « dissuasion », il faut être lucide : les arguments énoncés ci-avant ne permettent pas de voir l’avenir en rose pour notre passion. Je comprends qu’ils contribuent et amplifient à déstabiliser notre petite « zone » de confort musical.
Que faut-il faire ? je n’en sais rien. Comme beaucoup, je manque de visibilité. Je souhaite que notre passion commune va perdurer pendant de longues années.
De son côté, Audiophile.fr continuera de vous faire partager des informations pertinentes et « pointer » les produits les plus représentatifs sur tous les segments et aussi de mettre l’accent sur des produits qui offrent un intérêt plus limité.