Écoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec les éléments suivants :
– Lecteur CD YBA Classic Player 2
– Préamplificateurs phono MOON 310 LP Mk2
– Platine vinyle REGA RP 8 & cellule REGA MC Ania
– Amplificateur intégré ALLUXITY Int One Mk2
– Préamplificateur YBA Classic 3 Delta & bloc de puissance YBA 3 Delta / double transformateur 2 x 400 VA
– Câbles de modulation PURIST Audio Design Aqueous RCA
– Câbles HP PURIST Audio Design Neptune
Pour l’alimentation secteur : filtre secteur LAB12 Gordian & cable de tête Knack Mk2, barrette FURUTECH F-TP 615 et ESPRIT Volta, câble secteur de tête FURUTECH G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Celesta & Eterna.
• CD sélectionnés : Symphonie des Jouets – Léopold Mozart ~ direction : Jean-François Paillard – Symphonie des Jouets, Promenade en traineau – Léopold Mozart ~ direction : Sir Neville Marriner – Vivaldi and Friends ~ Jeannette Sorrell – Jardins d’hiver ~ Lucienne Renaudin Vary & l’orchestre de chambre de Paris – Stereo Concert Series ~ Decca Phase 4 – Indiscretion ~ The Curious Bards – Les Égarés ~ Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani – Suite Symphonique Opus 60 « Lieutenant Kijé » – Sergey Prokofiev ~ Direction : Yuri Simonov & The Royal Philharmonic Orchestra – 11:11 ~ Rodrigo y Gabriela – The Glory that was Gershwin ~ Frank Chacksfield – Ouverture de Ainsi parlait Zarathoustra ~ Richard Strauss – Meedle ~ PinkFloyd – Quiet Nights ~ Diana Krall – Rive Droite – Rive Gauche ~ Swing Band meets Daniel Huck (Edition Passavant Music) – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Barry Lindon ~ bande originale du film – Mozart par l’ensemble Zefiro ~ Direction Alfredo Bernardini – Two Pianos in Hollywood ~ Ronnie Aldrich & London Festival Orchestra – Prodiges ~ Camille Berthollet – Midwinter Night’s Dream & A Moveable Musical Feast ~ Loreena McKennitt – Naim CD test Sampler N°6 – Sonates Kk 87 de Domenico Scarlatti ~ piano : Mikhail Pletnev – Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek – Les Marquises ~ Jacques Brel – Toccata & Fugue – Jean-Sébastien Bach ~ transcription et direction d’orchestre : Léopold Stokowski – Les Marquises ~ Jacques Brel – Epics : The History of World ~ Orchestre Philharmonique de Prague & Chœurs – Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida, etc…
• Vinyles sélectionnés : The Secret of Climbing ~ Stephen Fearing – Two Pianos in Hollywood ~ Ronnie Aldrich & London Festival Orchestra – Fellini’s Amarcord ~ Nino Rota – Barry Lyndon ~ bande originale du film Vivaldi – Concertos pour guitare & mandoline ~ Direction : Paul Kuentz – Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – Soul Bossa Nova ~ Quincy Jones – Ted Heath Salutes Benny Goodman – Nameless & Stay Tuned ~ Dominique Fils-Aimé – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Barry Lyndon ~ bande originale du film – La découverte ou l’ignorance ~ Tri Yann – Concertos Brandebourgeois N° 1,2,3 de Jean-Sébastien Bach ~ The English Chamber Orchestra – Direction Benjamen Britten – Workshop & Down Home ~ Chet Atkins – Shadow Hunter ~ Davy Spillane – A mémorial for Glenn Miller : the original members – « Jalousie » par Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli – Contrastes ~ Pachacamac – The Complete ~ Mike Oldfield – Shadow Hunter ~ Davy Spillane – Crucifixus ~ Jean-Christian Michel – Le Vaisseau de Pierre ~ Tri Yann – Toccata et Fugue de Jean-Sébastien Bach interprétée aux grandes orgues par Marie-Claire Alain – Quiet Nights ~ Diana Krall, etc…
Nature des timbres
Registre aigu
• Symphonie des Jouets – Léopold Mozart ~ direction : Jean-François Paillard (CD)
C’est un peu la tête dans les étoiles que s’ouvre cette première séance d’écoute en compagnie de cette en PEL Édition Limitée .
Pourquoi dans les étoiles ? tout simplement parce que cette enceinte nous incite tout simplement à lever les yeux vers les cieux et par le fait même des hautes fréquences. Le nouveau tweeter contribue à élever les hautes fréquences vers des « sphères élevées ». Certes, les audiophiles n’entendent pas les sons qui avoisineraient les 23 kHz. De même que peu d’instruments de musique gravitent dans cette frange de fréquences. Toutefois, l’important est d’avoir un tweeter et un système de filtrage permettant de diffuser des sons riches en « micro particules » de tous ordres.
De ce point de vue, la Quattro renverse la table. Joie et allégresse sont au menu de la Symphonie des Jouets de Léopold Mozart. Le compositeur s’amuse avec la partition. La Quattro Anniversaire lui emboîte le pas avec cette multitude de « colorations » qui égayent le paysage musical. Ce ne sont pas seulement les jouets qui s’animent, mais réellement tous les instruments de musique. Si les percussions de tous ordres garnissent cette tapisserie musicale, les autres instruments s’en donnent à cœur joie pour « animer » votre espace d’écoute. L’esprit d’ouverture est une caractéristique qui se perpétue d’une Quattro à l’autre.
• Symphonie des Jouets, Promenade en traineau – Léopold Mozart ~ direction : Sir Neville Marriner (CD)
Vous l’aurez deviné, cette enceinte acoustique n’a pas son pareil pour filer sans retenue dans les hautes fréquences. Qu’il s’agissent des cordes ou des cuivres, cette nouvelle version de la Quattro joue juste sur les « délicates » fréquences qui s’entremêlent avec un brio absolument incroyable. De plus, les fréquences extrêmes sont à la fois fines et d’une magnifique douceur. Cette douceur ne masque absolument rien du contenu musical, riche en évènements. Nous assistons à un florilège de tonalités qui émergent d’un peu tous les endroits, sans jamais se confondre, tout en restant dans le cadre du paysage musical bien défini . Ainsi, la sonorité des percussions « crépitantes » laisse toute sa place au doux son de la flûte baroque et aux interventions du clavecin.
Jamais agressive, la Quattro Anniversaire est une analyste « redoutable » dans la mesure où elle extrait l’intégralité du contenu d’une bonne prise de son. Son pouvoir de transparence, y compris à faible niveau d’écoute, est surprenant. Bien que la mémoire auditive soit de courte durée, il me semble bien que son degré de résolution soit supérieur à celui de la mouture R+. Il dépasse en tout cas celui de la petite colonne Toscane et s’approche « dangereusement » de celui de la grande Kantor – c’est dire !
Le détourage de chaque instrument soliste ou groupe d’instruments, incluant naturellement les percussions, ne laisse aucune place à l’approximation. Entre tout, le plus extraordinaire ce sont ces fins de phrases qui s’éteignent majestueusement dans le temps et l’espace. Aussi, on ne peut que constater que le travail sur les harmoniques apporte le « petit plus » qui fait la différence.
De cette écoute j’en retiens avant tout la truculence permise par cette enceinte. Elle nous offre un spectacle unique, fruité, qui s’apparente à un feu d’artifice aux couleurs flamboyantes.
Registre médium
• Quiet Nights ~ Diana Krall (CD & vinyle)
Bien qu’étant « audacieuse » lorsqu’il s’agit de monter dans les hautes fréquences, et comme nous le verrons plus loin, sur le registre grave, la Quattro Anniversaire tisse un lien naturel entre les deux fréquences extrêmes. Le message sonore qui gravite la zone des fréquences « intermédiaires » assure une excellente passerelle en les fréquences élevées et graves. Le système de filtrage élaboré est révélateur d’une excellente répartition des différentes tonalités pour un équilibre idéal. De plus, on peut saluer la linéarité qui fait que je n’ai pas décelé un médium projeté en avant où, au contraire, qui s’afficherait de manière extraverties avec le grave et les aigus.
Comme toute sonorité est bien à sa place et se trouve « détachée », le registre médium est un vecteur qui donne aux voix une texture naturelle. Aussi, c’est une Diana Krall en grande forme que nous retrouvons à travers son album Quiet Nights. Eu égard au réalisme de cette voix divinement reproduite, le plaisir d’écoute est immédiat. Il sera donc impossible de rester insensible au charme de l’artiste, de sa diction, de ses reprise de souffles. Le phrasé est soigneusement appréhendé. Il émane de cette écoute une chaleur humaine au réalisme confondant.
Diana Krall n’a pas non plus l’apparence d’un « bibelot » placé dans un écrin orchestral aux allures dorées. Non, le « dessin » va plus loin que cela. La douceur de sa voix lisse et l’absence de sifflantes sur les « S » des fins de phrases laissent la place à une reproduction d’une magnifique lisibilité et d’une fluidité qui ne l’es pas moins. De surcroît, vous n’avez pas idée de la présence physique de l’artiste dans votre environnement d’écoute.
La petite formation orchestrale vient subtilement habiller le décors de part et d’autre de l’artiste pour accompagner harmonieusement la prestation de la chanteuse. Des notes de piano, si légères, au bruissement du ballet sur la peau de la caisse claire, les fins coups de cymbales, en passant par les nappes de violons, on en vient littéralement à savourer les fines nuances produites par ce registre médium aux « contours » harmonieux.
Registre grave
• Ouverture Ainsi parla Zarathoustra : Richard Strauss ~ Lorin Maazel (CD)
Tous millésimes confondus, la Quattro a toujours « brillé » par un registre grave étonnement profond. Le principe d’auto-régulation acoustique propriétaire et les deux haut-parleurs de grave / médium placés l’un derrière l’autre jouent aussi un rôle déterminant dans le contrôle des fréquences graves. En marge de ce concept, il faut gérer « tout ça » afin de ne pas surabonder des fréquences graves qui n’existent pas. En revanche, Pierre-Étienne LÉON a l’art et la manière de travailler sur différents paramètres laissant les sonorités les plus graves s’aventurer dans les fréquences imposées par les instruments et la prise de son.
C’est donc avec l’Ouverture de ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss que la Quattro a été « soumise à la question ». Cette redoutable épreuve ne pose aucun problème. La descente aux abysses s’effectue avec facilité, dont certaines colonnes pourraient bien s’inspirer. Outre le volume sonore que ce « petit prodige » est en capacité de développer, nous bénéficions d’une transcription de l’orgue qui en dit long sur ses possibilités à explorer les soubassements.
Le début et la fin de phrase sont illustrés par une « nappe » d’orgue qui est loin d’être monocorde. A l’écoute, nous observons la multitude de micros variations procurées par la vibration des tuyaux de l’orgue. De surcroît, l’instrument se démarque sensiblement du reste de l’orchestration, d’où une restitution contrastée qui ne manque, décidément pas, d’allure.
La partition est ponctuée par des coups de timbales qui ne passent pas non plus inaperçus. Leur roulement est franc, consistant, plein, organique, bien dessiné. Nous percevons l’impact des marteaux sur la peau des timbales et l’action avec laquelle le percussionniste s’emploie à faire résonner ces percussions. La Quattro réagit avec une stabilité et une « sagacité » de haute tenue, renforçant la présentation « monumentale » de cette œuvre signée Richard Strauss, sans toutefois en mettre artificiellement plein la vue aux auditeurs.
• Meedle ~ PinkFloyd (CD)
Bien souvent, qui dit enceintes compactes, dit « simplification » des fréquences les plus basses. Vue la taille des haut-parleurs et du volume de l’ébénisterie, il ne serait pas illogique de devoir renoncer à quelques octaves dans le bas du spectre. Il n’en est rien. Subjectivement, ce grave descend bien plus bas que la valeur annoncée sur le papier.
Si l’épreuve de Ainsi parlait Zarathoustra prouvait déjà que ce millésime 2024 ne s’interdisait rien, j’ai souhaité aller jusqu’au bout de la démarche pour observer les réactions sur un répertoire plutôt tonique avec une guitare basse « tonitruante ». En l’occurrence il s’agit de la guitare basse de Rogers Waters sur le titre One of These Days.
La dernière création de Pierre-Étienne LÉON prend la chose en main avec une belle agilité, sans affolement et, surtout, une maîtrise absolument inattaquable. La reproduction de cette guitare démontre un grave robuste, charpenté et profond. La lisibilité et le suivi des notes est excellent. De surcroît, le grave n’est pas boursoufflé, encore moins démonstratif. Aucune forme de caricature ou de faux-semblant ne vient déséquilibrer le suivi mélodique. La reproduction est à la fois pleine et d’une superbe densité.
La grosse caisse « rugit », juste ce qu’il faut, pour rythmer une mélodie pas toujours simple à restituer. La basse et la batterie « jouent » de manière totalement détachée, chacune dans son registre sans forme d’amalgame qui rendrait la restitution confuse et, par définition, plus ou moins agréable.
Espace et scène sonores
• Naim CD test Sampler N°6 (CD)
Pour profiter pleinement de son potentiel, le positionnement de la Quattro Anniversaire requiert quelques précautions. Elle est cependant aeez peu sensible à son environnement qu’il soit ample ou restreint. Il suffit simplement de pincer les deux enceintes vers le lieu d’écoute et de l’éloigner au moins de quarante centimètres du mur arrière et si possible tout autant du mur latéral, qu’elle puisse « respirer ». Second point, il faudra privilégier un amplificateur qui ne soit pas « pingre » en matière de spatialisation. Dans le même esprit, la source et les câbles devront aussi respecter cette règle.
Ces préceptes étant respectés, notre « petite protégée » se comporte finalement comme un modèle colonne. Elle offre une générosité qui dépasse même celle d’enceintes colonnes concurrentes de moyen format. Différents styles de musiques regroupés sur l’album Naim CD test Sampler N°6 démontrent cette facilité à produire une sonorité inversement proportionnelle à la taille de l’ébénisterie. Voilà pour les généralités, entrons maintenant dans les détails :
• Suite Symphonique Opus 60 « Lieutenant Kijé » – Sergey Prokofiev ~ Direction : Yuri Simonov & The Royal Philharmonic Orchestra (CD)
Cette version de la Suite Symphonique Opus 60 « Lieutenant Kijé » de Serge Prokofiev nous prouve que la Quattro 35ème anniversaire est douée pour délivrer une scène sonore monumentale. Ne croyez qu’elles paraissent esseulées dans une grande pièce d’écoute. J’irais même jusqu’à dire que la musique emplit facilement une pièce d’écoute d’environ 40 m² et peut-être même davantage.
Sans attendre, l’écoute laisse apparaître une image « 3D » particulièrement remarquée. Si vous connaissez les anciennes moutures de cette enceinte acoustique, vous comprendrez bien vite que la scène est extrêmement panoramique en largeur. La disposition inclinée des haut-parleurs favorise grandement la hauteur de scène sonore – une constante chez le constructeur. La grande surprise vient de la profondeur de champ qui, finalement, prend des proportions accrues par rapport aux millésimes précédents. Cela permet une « incursion », si je puis m’exprimer ainsi, au cœur du Royal Philharmonic Orchestra dont la disposition dans le studio d’enregistrement est assez proche de celle que l’on pourrait observer dans une salle de concert. L’écoute est « fichtrement » immersive; elle conduit à cette rare sensation de proximité avec les différents pupitres, les musiciens et leurs instruments.
L’étagement des plans est très bien structuré. Chaque groupe d’instrument trouve sa place : les contrebasses et violoncelles au premier rang, les violons, altos et cuivres au second rang et légèrement en retrait, aboutissant à de superbes contrastes. Les interventions solistes de la harpe et du glockenspiel, d’un triangle viennent « gentiment » vous caresser les oreilles avec toute la délicatesse attendue en venant se positionner au-dessus de la « mêlée ».
Le confort d’écoute passe aussi par une reproduction aérée, finalement, « extensible » lors des montées en puissance de l’orchestre, qu’elles soient progressives ou brèves. Nous n’avons jamais affaire à une reproduction compressée. Celle-ci est totalement libre de tout mouvement, de toute contrainte. L’absence de pression acoustique laisse une large place aux micro-détails et aux instruments de faible intensité que l’on entend toujours distinctement, y compris à faible niveau d’écoute.
Outre la présentation panoramique du Royal Philharmonic Orchestra, la répartition des informations entre les canaux gauche et droit procure des effets stéréophoniques bien marqués. Le centre de l’espace sonore assure un lien étroit entre chaque canal qui n’occasionne aucun vide et garantit un milieu de scène bien documenté.
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• Two Pianos in Hollywood ~ Ronnie Aldrich & London Festival Orchestra (CD & vinyle)
Comme toutes les enceintes de cette lignée, la mouture Anniversaire est une véritable « petite bombe ». Elle ne serait jamais un frein à des électroniques vigoureuses et respectueuses d’une musicalité de haute volée. La Quattro Anniversaire se laisse piloter avec une facilité déconcertante, même à bas niveau d’écoute.
Elle encaisse les écarts de dynamique avec brio inégalé qui convient parfaitement aux styles musicaux les plus vigoureux. Inutile de vous dire que c’est aussi pour ça que je l’aime tant !
De plus, elle peut en remontrer à quelques « gros paquebots de l’acoustique » réputés « insubmersibles » à ce jour. Pour en juger, nous pouvons sans arrière-pensée lui soumettre des extraits musicaux à fort caractère où le dynamisme et la rapidité sont affirmés. Ça tombe à point nommé, car la Quattro les accueille avec toute la véhémence que l’on connaissait déjà sur les versions antérieures. Dès lors, cette enceinte n’a pas son pareil pour régir au quart de tour sur les deux pianos qui nous jouent, par exemple, le thème de Chim Chim Cher-ee (Mary Poppins) accompagnés par le London Festival Orchestra. Chaque piano délivre une ponctualité, un poids irréprochable et, surtout, un dynamisme absolument étonnant. Cette enceinte a un sens inné du rythme : coller au tempo, c’est assurément son crédo.
Les grandes envolées de violons et de drums ou autres percussions sont du même acabit. De plus, avec cette excellente prise de son signée Decca / London, nous assistons à toute la vivacité de cette mise en scène prodigieusement orchestrée, autorisée par notre « petite » compétitrice au cœur vaillant.
C’est une constante chez le manufacturier Français : quel que soient leurs gabarits, ses enceintes acoustiques se distinguent par leur verve et une souplesse absolument intransigeante. Comme nous pouvons nous en douter la Quattro de dernière génération n’échappe pas à cette règle. Elle emboîte le pas aux autres créations des gammes passées et actuelles.
• Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida (CD)
Comme la Quattro Anniversaire m’a tout l’air d’être bien disposée, nous allons voir comment elle répond à un extrait complexe à reproduire. Afin de valider (ou pas) ses capacités à démêler les « interfacts », le choix s’est porté sur Valéria et One Note Samba qui figurent sur l’album Collaboration du The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida.
Il m’est parfois arrivé de rencontrer des écueils sur ce test; écueils qui se soldent soit par une mollesse, une simplification du message sonore, soit des effets de distorsion indésirables. Si le jeu de contrebasse et celui du piano vont « bon train » avec un rythme soutenu et une rigueur sans faille, c’est le jeu de vibraphone qui est l’élément le plus déterminant pour juger l’emprunte « énergétique » d’une enceinte acoustique.
Eh bien, figurez-vous que la Quattro « n’a cure » de ces « contrariétés » imposées par le vibraphone et ses changements de tonalités et d’intensité multiples et incessants. L’alternance des octaves et tonalités sont prodigieusement maîtrisées. Elles sont exécutées avec un brio à « tomber par terre ». L’éventail de couleurs que prend l’instrument est particulièrement large. De plus, il est reproduit avec une énergie folle et une clarté immaculée. Cette mouture s’emploie à remettre de l’ordre dans l’enchaînement des phrases musicales, là où d’autres concurrentes hésitent ou, carrément, renoncent.
Séquence plaisir & émotion – sens de l’expression
• Les Égarés ~ Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani (CD)
La grande force de cette enceinte acoustique est de pouvoir perpétuellement « aligner toutes les planètes » pour le plus grand plaisir des mélomanes et des audiophiles. Aussi, dans le cas de figure qui nous occupe, il se tisse un lien étroit entre les artistes et l’auditeur, via les sources, les amplificateurs, les câbles.
Sur le plus grand nombre d’extraits musicaux, cette enceinte donne le sentiment d’être une étoile qui scintille au firmament par une belle nuit dégagée. Sur des passages encore plus expressifs, elle réussit la prouesse de disparaître physiquement, laissant exclusivement une place à « l’image musicale ».
Au fil des heures, des jours, des semaines d’écoutes, cette « pépite » nous raconte une histoire nouvelle. Cette fois, c’est celle de ce quatuor composé de Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani qui, contrairement au titre de l’album ne s’égare pas. La Quattro Anniversaire sert de guide pour nous conduire dans un univers musical riche en découvertes et sensations émotionnelles.
L’écoute de Esperanza, Izao ou La Chanson de Égarés, pour ne citer que ceux-là est un véritable régal dont on ne se lasse pas. La sonorité de la kora (instrument à corde Malien constitué d’une volumineuse demi-calebasse en guise de caisse de résonance et de 21 cordes) est d’une splendeur à couper le souffle. Le notes s’égrènent dans le temps et l’espace avec une « docilité » semblable à celle d’une harpe. Nous entendons distinctement la façon dont Ballaké Sissoko fait chanter son instrument. Sa sonorité est d’une limpidité qui touchera à coups sûrs un auditeur sensible au charme de genre de sonorité. D’une séquence à l’autre, l’instrumentiste effleure ou pince les cordes de son instrument, avec une foule de petites nuances qui s’entendent immédiatement. Nous avons l’impression que le sons se « dispersent » dans l’espace d’écoute une peu comme des flocons de neige qui virevoltent ça et là.
Le doux murmure de l’accordéon, si fin, si harmonieux accompagne la kora par son contrechant harmonieux « distillé » avec une verve incroyable. Cette mélodie complémentaire vient se lover dans les intervalles mélodiques et les interstices rythmiques.
D’ailleurs, le Quatuor joue de ces mêmes « ingrédients » avec le violoncelle et le saxophone soprano. La Quattro Anniversaire nous fait cet immense plaisir de mettre en évidence tout le contenu de cet enregistrement rendant ainsi la reproduction si « vivifiante ».
• Nameless ~ Dominique Fils-Aimé (vinyle 30 cm / 45 tr/m)
Pour ma part, la découverte de cette enceinte s’associe à l’élément « Ether » qui représente l’espace dans lequel tout se produit : la présence et la conscience. En nous, c’est notre conscience de l’espace et autour de nous, c’est notre capacité à se connecter au subtil et à quelque chose de plus grand que nous.
Nameless de Dominique Fils-Aimé incarne aussi cette sensation d’aller au « confins » d’un univers musical. L’album, pourtant dépourvu d’une grande orchestration nous ouvre la voie de la magnificence. C’est bien la « tonalité » vocale et la prestation de l’artiste qui se singularisent ici. La voix pure de Dominique Fils-Aimé est d’une justesse et d’une authenticité « prenantes ». La voix charnelle, la diction sans défaut, les reprises de souffle donnent beaucoup de crédit à la présence singulière de l’artiste. J’ai eu ce rare sentiment que la chanteuse donnait un récital exclusif rien que pour moi.
Ce « récital » crépite comme un feu de cheminée dans le local d’écoute apportant beaucoup de chaleur humaine, voire une sorte de réconfort. Il faut aussi reconnaître que la contrebasse qui accompagne l’auteur – compositeur – interprète amène sa petite touche pour parachever l’interprétation. La reproduction de la ligne de contrebasse est « immaculée » avec un suivi mélodique dont la définition est « terrible ». Dans ce test, l’instrument est vivant. On perçoit la moindre vibration de la table provoquée par le jeu méthodique du musicien. Je conviens également que la technicité avec laquelle le contrebassiste « anime » son instrument est excellente. J’y ai parfaitement reconnu le pincement de chaque corde et la façon dont l’instrumentiste plaque ses accords sur la touche de l’instrument.
• Fellini’s Amarcord ~ Nino Rota (CD & vinyle remasterisés)
Outre son penchant pour les grandes œuvres orchestrales, classiques ou lyriques, cette « surdouée de l’acoustique » vous procurera aussi de magnifiques moments de plaisir musicaux, sous réserve que la prise de son et le mixage soit impeccablement réalisés. Aussi, je vous garantis que vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer.
D’excellents thèmes tirés de cet album remasterisé sont absolument truculents à entendre aux côtés de notre « compagne » de cette fin d’année 2024 et début d’année 2025. En « Romagnol », Amarcord signifie approximativement « je me souviens ». Eh bien, c’est exactement ce qui se passe lors de cette séquence d’écoute. On se souvient du film, mais aussi des images que l’on a gravé dans sa mémoire lorsque l’on a eu l’opportunité de visionner le film et la chance de voyager en Italie. Certes, le sujet est ancien, mais l’ambiance y est. Cette enceinte délivrent toutes les couleurs musicales d’hier et d’aujourd’hui signées par le prestigieux Nino Rota. La musique vit, bouge, emplit la pièce d’écoute de « parfums » et de teintes où se mêlent des harmonies vives, enjouées, plus romantiques ou plus nostalgiques. La Quattro a cette propriété de nous révéler ces petites différences qui donnent du baume au cœur.
La multitude d’instruments intervenants dont, Nino Rota est passé maître en la matière, nous donnent envie d’écouter de la musique dans des conditions optimales sans aucune lassitude.
Dans de telles conditions, ce disque est absolument savoureux à écouter. Oui, les saveurs ne manquent pas et cette enceinte acoustique nous convie à « déguster jusqu’à la lie » un breuvage musical à la fois, sucré, doux, fruité
Conclusion :
« Ressourcement » ! c’est simplement par ce terme que je décrirai le tempérament de celle qui est la « fer de lance » des créations de Pierre-Étienne LÉON depuis les années 80. Sa longévité prouve que sa conception fut en son temps une innovation qui aura marqué plusieurs époques. Au fil des décennies, la Quattro s’est progressivement métamorphosée et a donné naissance à cette référence « Anniversaire » unique dont la mise au point a été poussée à son paroxysme.
Le fruit de cette élaboration n’a qu’un seul but : celui d’accéder à une musicalité d’une pureté inouïe et d’une authenticité sans précédent. L’objectif est atteint et même dépassé. Aussi, je dis simplement bravo !
Prix : 4700 € la paire (01/2025)